L'Algérie a eu gain de cause. Pointé du doigt tant par la partie algérienne que par celle européenne, l'Accord d'association liant les deux parties est appelé à être révisé. Dans une déclaration à l'issue de son entretien avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le président du Conseil européen, Charles Michel, a souligné la nécessite de réviser l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) en identifiant les priorités conjointes, dans l'intérêt mutuel des deux parties. Relevant avoir eu un entretien «extrêmement fructueux, tourné vers l'avenir» avec le président Tebboune, le président du Conseil européen a révélé que les deux parties «partagent une ambition commune de donner un nouvel élan à la qualité des relations entre l'Algérie et l'UE», ajoutant que «nous avons considéré que l'Accord d'association est un cadre devant donner lieu à des améliorations avec la volonté, de part et d'autre, d'identifier les priorités conjointes dans l'intérêt mutuel». Il était temps de revoir cet Accord, qui, après 17 ans d'application n'a pas réellement profité à l'Algérie, sur le plan économique et commercial, notamment. Un constat conforté par une évaluation de l'impact de l`Accord sur le commerce extérieur de l'Algérie. Sur 15 ans (2003-2018), les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE sont passées de 344 millions USD en 2003 (deux ans avant l'application de l'Accord) à 889 millions USD à peine en 2018. Et dire que l'Algérie visait, à travers l'Accord, de promouvoir ses exportations hors hydrocarbures vers l'Europe et de voir les investissements européens en Algérie croître. Du fait des résultats mitigés de l'Accord, sur le plan économique et commercial, notamment la mise en place d'une zone de libre- échange entre les deux parties, initialement prévue pour 2017, a été décalée à septembre 2020. Une zone restée au stade de proposition. Pour rappel, le président Tebboune avait appelé à revoir l'Accord d'association. Lors de la réunion du Conseil des ministres, tenue le 31 octobre 2021, le chef de l'Etat avait donné des instructions à l'effet de revoir les dispositions de l'Accord d'association avec l'Union européenne (UE), «clause par clause», en fonction d'une vision souveraine et d'une approche «gagnant-gagnant», en tenant compte de l'intérêt du produit national en vue de créer un tissu industriel et des emplois. Une révision de l'Accord permettrait à l'Algérie, a-t-il souligné, de bénéficier des exonérations douanières qu'il prévoit, de façon à conforter son économie et renforcer sa production et ses exportations. Sur un autre plan, tout en affrichant un « optimisme extrême» pour développer «plus fortement et de manière plus déterminée, un partenariat qui débouche sur des résultats concrets et tangibles pour les citoyens de l'Algérie et de l'Union européenne», le président du Conseil européen a affirmé que «l'Algérie était un partenaire fiable en matière d'énergie». Une manière d'approuver la dernière orientation de la Commission de l'Union européenne qui a ordonné à ses membres de relancer le dialogue énergétique avec Alger pour satisfaire ses besoins en prévision d'un hiver qui frappe déjà à ses portes. Au plan régional, le responsable européen a souligné que l'Algérie et l'UE ont «une ambition commune pour la stabilité, la sécurité et la prospérité». À ce titre, il a indiqué avoir évoqué avec le président Tebboune «un certain nombre de situations liées au voisinage et au contexte géopolitique». Pour rappel, Charles Michel est arrivé, hier à Alger, où il a été accueilli à l'aéroport international Houari Boumediene par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, accompagné du ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, et du ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig. Un accueil officiel lui a été réservé par le président Tebboune.