Après la disparition de la comédienne Nouria Kazdarli en 2020, Chafia Boudraâ en avril 2022, mais aussi d'Ahmed Benaïssa en mai dernier, voilà qu'une autre icône du monde de la culture algérienne s'en va. Bien populaire chez les Algériens, Farida Saboundji a tiré, en effet, sa révérence, à l'âge de 92 ans, a fait savoir, hier, le ministère de la Culture et des Arts. Connue pour ses rôles aux accents bien typiques dans les feuilletons télévisés, Farida Sabounji, c'est ce regard perçant et acéré et cette voix criarde qui bouscule ses filles avec son caractère bien trempé, un ton féroce et une forte personnalité. C'est cette image un peu caricaturale, certes, que la mémoire collective garde d'elle. Pour autant, c'est également et surtout une femme et une artiste au charisme sans faille. Figure emblématique de la télévision algérienne et du cinéma, personne ne peut ignorer cette grande dame qui aura marqué les esprits, nous renvoyant, aujourd'hui, à une époque, désormais révolue. Farida Saboundji, c'est cette femme «algéroise», garante des traditions séculaires que l'on se délectait à regarder via ses moult personnages dans les feuilletons télé, jadis, qui, parfois, se ressemblaient, certes, mais qui conféraient à cette dame une patte bien remarquée et remarquable. Originaire de la wilaya de Blida, l'artiste est née en 1930 à Douirat. Farida Saboundji était l'une des actrices les plus appréciées et célèbres pour ses performances singulières, alliant gestuelle et parole, se distinguant surtout par son accent «algérois» dans ses nombreux rôles de «Dame de fer» qu'elle incarnait abec brio. Avec un long parcours de 50 années vouées au théâtre et au petit écran, la comédienne, qui a commencé sa carrière artistique, à l'âge de 13 ans, dans le théâtre radiophonique, compte à son actif plusieurs prestations aux côtés de grands acteurs, à l'image de Mahieddine Bachtarzi, Ahmed Ayad (Rouiched) ou encore Mohamed Touri. C'est en 1947 qu'elle fera son entrée dans le monde de l'art à travers la Radio nationale, avant qu'elle ne rejoigne le monde du 4ème art, en jouant dans de nombreuses pièces théâtrales durant les années 50 dont Quinaâ El Djahim et Dendjawan notamment. Quelques années plus tard, la regrettée Farida Saboundji se distinguera à la télé, en prenant part, entres autres, à la fameuse série télévisée intitulée El Massir où son image d'une mère autoritaire la poursuit jusqu'à aujourd'hui. En 2017, Farida Saboundji a été décorée de la Médaille de l'ordre du mérite national au rang de «Djadir». Suite à cette triste nouvelle, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a tenu à adresser un message de condoléances à la famille de la comédienne du cinéma et du théâtre,en affirmant que:«c'est avec beaucoup d'affliction et de tristesse que j'ai reçu la nouvelle du décès de la regrettée artiste, Farida Saboundji.» Et de poursuivre: «En cette douloureuse circonstance, nous faisons nos adieux à un nom célèbre parmi les grands comédiens algériens. La défunte a gagné, avec une élite de comédiens, l'estime et le respect du public, à travers les oeuvres théâtrales et cinématographiques de haute facture qu'elle a interprétées, s'érigeant ainsi en exemple pour des générations de comédiens», a souligné le président de la République. Pour sa part, la ministre de la Culture a aussi présenté ses condoléances en rendant hommage à Farida Ssaboundji revenant sur sa riche carrière. Soraya Mouloudji a également indiqué que «la défunte est considérée comme l'une des pionnières de l'art théâtral et cinématographique en Algérie, puisqu'elle est entrée au théâtre très jeune et n'avait pas plus de 13 ans, en plus d'être entrée dans le monde artistique par le biais de la Radio nationale, en 1947». Et de souligner que «durant des décennies, elle aura présenté plusieurs travaux et rôles dans le théâtre classique au Théâtre national algérien. En plus de dizaines d'oeuvres théâtrales classiques avec des stars de l'art algérien telles que Mustapha Kateb, Mohamed El Touri, Nouria, Keltoum et bien d'au- tres. La défunte a joué ses rôles les plus célèbres dans le feuilleton El Massir en 1989, Kaïd Al Zaman en 1999, et sa dernière oeuvre était Dar El Bahja, en 2013.» La disparation de Farida Saboundji, c'est l'effondrement de toute une époque.