Suite au décès, samedi,, de l'artiste Farida Saboundji, à l'âge de 92 ans, Des artistes n'ont pas manqué d'apporter leurs témoignages, notamment sur les réseaux sociaux pour dire toutes les qualités humaines et artistiques de la défunte. D'aucuns l'ont qualifiée d' «icône de l'art algérien» et «d'artiste aimée de tous». Sur Facebook, le jeune réalisateur Islem Gerroui a écrit: «Pour mes amis français qui ont perdu Godard à 92ans, nous aussi en Algérie on vient de perdre cette icone actrice de la télé et du cinéma algériens Farida Saboundji à l'âge de 92 ans». Amir Nebbache, qui a déjà animé une émission sur la télé et le cinéma et consacre désormais, tout une émission sur Canal Algérie, au théâtre algérien, a fait remarquer quant à lui: «Une étoile s'est éteinte aujourd'hui». Et de souligner: «Une grande dame du théâtre, du cinéma et de la télévision, Madame Farida Saboundji, une vie entière consacrée à sa passion, celle d'interpréter des rôles sur les planches des théâtres, dans les studios de la radio et les plateaux de tournage. Une femme courageuse et résiliente comme l'ont été les Nouria, les Chafia Boudraâ, les Fatiha Berbère, les Ouardia Hamitouche, les Sonia et beaucoup de dames algériennes artistes au service de la culture de notre cher pays leur message est celui de la connaissance, de l'éducation, de l'amour et de la fraternité. Elle a contribué à l'élaboration de centaines d'oeuvres mémorables, présentes à jamais dans le répertoire culturel algérien. Paix à son âme, mes sincères condoléances à sa famille,à ses proches et à toute l'Algérie». Nabila Bouacha, journaliste et scénariste qui côtoie le monde de la télé et du cinéma, a souligné pour sa part: «Je suis endeuillée et très attristée par le décès de Farida Saboundji, marraine de ma fille Lyna, l'actrice au chignon, la femme à la silhouette d'aristocrate, la vraie Algéroise à la voix particulière, connue par ses rôles de fort caractère. J'ai côtoyé beaucoup d'actrices, mais Saboundji, est unique, une femme au parcours artistique très riche...» Le milieu de la culture attristé Le réseau Wassila ou l'Association contre les violences faites aux femmes et aux enfants indique pour sa part, toujours sur Facebook: « Elle a accompagné la découverte du théâtre et de la télévision. Nous espérons qu'elle a laissé ses Mémoires pour nous dire ce qu'a été son combat pour se faire accepter comme comédienne par son milieu, ce qui ne devait pas être chose facile dans les années 50!». Aussi, dans une déclaration à l'APS, Bahia Rachdi a fait savoir que «Saboundji était une grande artiste et une femme fidèle qui prodiguait des conseils en faveur des artistes», ajoutant que «la défunte considérait l'art comme un message noble et soutenait que l'artiste doit être le miroir de la société». De son côté, Abdenour Chelouche a souligné que la regrettée jouissait d'une compétence irréprochable, ajoutant qu'elle faisait partie des premières comédiennes algériennes en rejoignant le théâtre Mahieddine Bachtarzi dans les années 50 avant de poursuivre son parcours après l'indépendance au théâtre et au cinéma. Pour Nawel Zaâtar, «Saboundji est une grande artiste de par ses oeuvres présentées durant plus de 50 ans», rappelant qu'elle a travaillé à ses côtés dans plusieurs feuilletons où elle a fait preuve d'un grand professionnalisme». De son côté, Dalila Hlilou a estimé que «feue Saboundji était une personne agréable et une comédienne talentueuse», indiquant que sa mort était une perte pour la scène artistique. Pour le comédien Youcef Sehaïri, au fait de l'émotion,il a écrit, quant à lui, sur son compte facebook: «Adieu, pour un monde plus pur, adieu, pour un monde meilleur, adieu, pour un monde plus beau. Je n'ai plus de mots, ni d'idées ou d'expressions...». Un long et riche parcours Pour rappel, Farida Saboundji est née en 1930, à Blida. Elle comptabilise de nombreuses oeuvres que ce soit au théâtre, au cinéma ou encore à la télévision algérienne, dont certaines qui remontent à plus de soixante-dix ans! La défunte a été inhumée, samedi, après la prière d'El-Asr, au cimetière d'El-Alia à Alger, en présence de personnalités politiques et nombre d'artistes. Etaient présents à l'enterrement, le conseiller chargé des relations extérieures Abdelhafid Allahoum, le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebigua, le représentant de la ministre de la Culture et des Arts, Missoum Laâroussi ainsi que plusieurs artistes. Dans son oraison funèbre, le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebigua a rendu hommage à la moudjahida Farida Saboundji, une perte pour l'art algérien, arguant: «Cette grande dame qui s'est abreuvée aux mêmes sources que les pionniers du Mouvement national algérien suite à une prise de conscience précoce de la réalité de l'occupation, a fait partie de la première génération de la glorieuse guerre de libération dès 1955, elle a également connu les affres de la prison en 1957. Saboundji appartient à la génération ayant contribué à la libération de l'Algérie et au recouvrement de sa souveraineté».Aussi , les artistes ont salué le «long parcours artistique de l'icône disparue», qui laissera sans doute «un grand vide sur la scène artistique algérienne. Une actrice qui a connu le monde du cinéma et de l'art en étant jeune, et en côtoyant les grands noms du théâtre et du cinéma algériens, et qui fut témoin des étapes les plus importantes de l'art algérien».Il est bon de rappeler ainsi que Farida Saboundji a commencé sa carrière artistique à l'âge de 13 ans dans le théâtre radiophonique et compte à son actif plusieurs prestations aux côtés de grands acteurs, à l'image de Mahieddine Bachtarzi, Ahmed Ayad (Rouiched) ou encore Mohamed Touri. Elle compte de nombreuses participations dans des feuilletons télé comme en 1989, «Kaïd Al-Zaman» en 1999, et sa dernière oeuvre était «Dar El-Bahja» en 2013. Farida Saboudji c'est d'abord un chignon à la Simone Veil, une allure de bourgeoise algéroise autoritaire et acariâtre ainsi que des répliques qui lui collent à la peau. Au cinéma, Farida Saboundji a pris part à de nombreux films. On peut citer «Bab el web» de Merzak Allouache, sorti en 2005, «Gourbi Palace» de Bachir Derrais, sorti en 2006 et «Maintenant ils peuvent venir», où elle avait donné la réplique à Amazigh Kateb et Rachida Brakni. Un long métrage saisissant de Salem Brahimi, sorti en 2015.