Le processus, entamé au début des années 90, a été bloqué en 1998 pour des raisons inexpliquées pour reprendre de plus belle à la faveur des accords d'association avec l'UE. Plusieurs éléments indiquent que les choses ne sont qu'à leurs débuts et ce, malgré l'optimisme beat affiché de part et d'autre. Des préalables n'ont pas été réglés et des détails techniques font retarder l'avancement du processus. L'adhésion à l'OMC suppose que l'Algérie doit s'adresser à un cabinet de consulting international, une sorte de commissaire aux comptes qui va faire l'audit de tous les secteurs économiques algériens et ce, pour les préalables non réglés. Pour les détails techniques, l'on se rappelle qu'en mars 2001, Mourad Medelci, alors ministre du Commerce, s'était rendu en Suisse avec la délégation algérienne pour uniquement retirer les formulaires d'adhésion alors que les représentants de l'OMC s'attendaient à une réunion de travail conventionnelle. Il faut aussi ajouter un éventuel rapport des négociations qui, selon les déclarations d'un représentant des douanes, mentionne que l'Algérie n'aurait pas respecté les délais pour le dépôt du dossier. La thèse du «chemin encore long» est d'autant plus renforcée que le ministre du Commerce M.Temmar a déclaré, lors d'une rencontre d'information jeudi, avec l'UGTA et le patronat public et privé, qu'«il n'y a pas de pays qui va négocier seul sans avoir au préalable préparé ses négociations sur le plan politique et en comptant sur des forces sociales», si le gros du dossier a été finalisé avec notamment la signature des accords d'association, il n'en demeure pas moins que l'Algérie accuse un retard monstre dans certains secteurs de services comme les banques, les transports et le tourisme. C'est dans l'objectif de savoir comment l'Algérie envisage de déposer sa candidature à l'OMC que le ministre du Commerce s'est réuni avec les partenaires sociaux. M.Habib Yousfi, président de la Cgeoa a qualifié cette rencontre de «très profitable», car, explique-t-il, «elle a permis au patronat d'exprimer ses inquiétudes en matière de négociations sur les consolidations du tarif douanier». Pour M.Yousfi, la libéralisation des échanges nécessite la préservation de certains secteurs créateurs de richesses. En outre, il signale que cette adhésion permettra à l'Algérie de s'adapter à long terme aux nouvelles structures de production technologique, mais dans l'immédiat, ajoute-t-il, l'OMC facilitera les réformes commerciales dont la crédibilité sera renforcée par cette adhésion. Il est évident que la mise en place d'un régime commercial transparent réduira les coûts des transactions et contribuera à éradiquer la concurrence déloyale. Par ailleurs, M.Habib Yousfi a noté avec «satisfaction ce dialogue entamé par le gouvernement», qu'il a qualifié d'«un retour à la bonne gouvernance». Ce même sentiment a été noté chez le patron de l'UGTA qui, au demeurant, n'a pas été tendre avec le ministre du Commerce. L'intransigeance de Sidi Saïd sonne en harmonie avec l'approche du congrès de l'UGTA auquel, semble-t-il, il ne veut pas se rendre les mains vides. Sur un autre plan, la rencontre de Sidi Saïd avec le Chef du gouvernement, avant le ministre du Commerce entretient, selon les observateurs, cette «illusion de confrontation» de l'UGTA avec le pouvoir, avec, bien évidemment, la concession de contenir la contestation du front social, sachant que les élections approchent.