A la terrasse du restaurant, des sortes d'artisans boulangers préparent, besogneux, le «pain sage». La chaîne hôtelière et de restauration internationale Abou Naouas s'installe désormais en Algérie. Après la mise en concession de certains établissements hôteliers nationaux, voilà donc que cette chaîne s'installe au Mazafran à Zéralda sous l'enseigne Safir Mazafran. Son arrivée dans notre pays intervient alors qu'elle s'ouvre sur l'Europe après avoir longtemps régné au Moyen-Orient, notamment en Syrie et au Liban, mais aussi en Jordanie, à Dubaï, au Koweït, en Egypte, en Tunisie et au Maroc. Le patron de l'actuel Safir n'est autre que le Franco-Libanais M.Gilbert-Antoine Jabre, un véritable passionné de l'hôtellerie qui est fort d'une riche carrière internationale de plus de trente-cinq ans. Selon lui et alors qu'il découvre notre pays «il y a énormément à faire dans un pays aussi grand que l'Algérie!» Il croit que d'autres ressources, autres que le pétrole, sont là et ne demandent qu'à être exploitées. Il estime néanmoins que le secteur du tourisme et de l'hôtellerie gagnerait à être plus médiatisé. Il gère désormais son établissement en partenariat avec l'Algérien M.Benhadji Haroun Bachir, qui est également un grand professionnel de l'hôtellerie. L'Expression a eu l'honneur de découvrir en avant-première cet établissement de label à l'occasion d'une inauguration. Détail: après un court séjour dans le jardin de l'hôtel où quelques rafraîchissements sont servis à des hôtes de marque, nous gagnons le restaurant libanais qui nous accueille alors dans un univers de raffinement. Comme il est généralement de tradition au Proche-Orient, l'on sert d'abord aux convives le «pain sage», une sorte de crêpe pliée en triangle et qui tire son nom du four qui sert à le faire cuire. Des garçons de salle se chargent du service autour de tables où l'on bavarde dans une ambiance sereine et feutrée. Musique arabe en sourdine et lumière tamisée complètent un décor tout oriental. Qui en tête à tête qui en groupe, commencent par siroter quelques boissons plates en attendant, curieux, d'autres mets. A la terrasse du restaurant, des artisans boulangers préparent, besogneux, le pain sage dont se partagent la spécialité Syriens et Libanais et qui se prépare selon la tradition au moment du repas, au grand bonheur des convives qui peuvent alors pleinement apprécier sa fraîcheur. Sa préparation incombe ce soir à Chef Raymond qui a déjà exercé son art en Syrie, au Liban et à Dubaï. Ce dernier fait part de son talent pour la première fois dans notre pays et saisit l'occasion de donner quelques explications sur ce mode de préparation unique qui semble remonter à la nuit des temps. Entre-temps le service se déroule à une cadence précise comme s'il obéissait à une sorte de rite. Le maître de céans partage son dîner avec quelques amis alors que des «kemiettes» sortes d'entrées froides et chaudes, sont servies dans de petites assiettes. En guise de plat de résistance parviennent aux tables, alors qu'un CD distille encore une langoureuse musique orientale, des mets garnis de brochettes qu'accompagnent quelques légumes. Et enfin, sont annoncés mahalbi et fruits pour dessert. Le thé apporte l'inévitable touche finale.