En arrivant à la tête de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune avait lourdement insisté dans ses premières sorties médiatiques quant à l'influence et le poids de l'Algérie sur les scènes régionale et internationale. Evoquant plusieurs dossiers à la portée de la diplomatie algérienne, il avait mis au sommet de la pile, la cause palestinienne. Il savait le caractère sacré de cette question auprès de l'opinion publique algérienne. Il était également conscient que s'il existait un seul sujet qui ne divisait pas les Algériens, ce serait bien entendu la Palestine. Le constat n'est pas seulement algérien, mais quasi mondial. Les drapeaux palestiniens et algériens étaient systématiquement brandis ensemble. Il y avait ainsi dans l'engouement qu'éprouvent les citoyens d'Algérie pour la cause de la Palestine une sorte d'énergie qui transcende toutes les conjonctures politiques. Cette énergie, Abdelmadjid Tebboune s'en est servi lorsqu'il s'agissait d'organiser le Sommet de la Ligue des Etats arabes à Alger. La thématique centrale de la rencontre des 1er et 2 Novembre prochain annonçait donc la couleur avec l'assentiment du peuple algérien. La Palestine devait retrouver sa place dans les institutions panarabes. Même divisée, la classe politique palestinienne était prise par les Algériens pour ce qu'elle était: la résistance contre le colonialisme sioniste. Partant de cette vision que l'Etat algérien partage avec son peuple, il ne pouvait exister une quelconque entrave se dressant contre la réconciliation inter-palestinienne. L'approche n'est pas naïve, mais éminemment militante. L'Algérie n'avait aucune intention d'ingérence dans les différends entre les factions. Et c'est cette posture qui a permis au président Tebboune de discuter avec toutes les tendances de la résistance palestinienne. Les diplomates algériens qui ont patiemment édifié cette réconciliation, pierre par pierre, partaient du même sentiment de respect à l'endroit du peuple palestinien et de son élite. Cette force, que la diplomatie tient de la société algérienne, lui a permis de construire cette réconciliation inter-palestinienne. Dans cette séquence historique, les peuples ont joué un rôle central. Le président Tebboune mesurait parfaitement son propos lorsqu'en s'adressant aux signataires de la Déclaration d'Alger, il les a salués «pour avoir respecté la volonté du peuple palestinien à Ghaza, en Cisjordanie, ainsi que la diaspora. C'est aussi la volonté du peuple algérien». C'est certainement le principal moteur qui a impulsé le rapprochement entre les factions de la résistance palestinienne. Et pour cause, se retrouver sur la terre du million et demi de martyrs, invités par un peuple qui n'a jamais douté le moindre instant de la justesse du combat palestinien, apporte un surplus de volonté pour écrire l'histoire du Mouvement palestinien. Retourner dans la même enceinte où a été déclarée la naissance de l'Etat de Palestine 34 ans auparavant, pour ressouder les rangs, oblige chaque participant au résultat. C'est ce qu'il s'est produit, ce jeudi, au Palais des Nations. Les dirigeants palestiniens ont donc été au rendez-vous de l'Histoire et se présenteront unis au Sommet de la Ligue des Etats arabes. Ils ont pris l'engagement de «prendre des mesures pratiques pour consacrer la Réconciliation nationale et mettre fin à la division» et préconisé la mise en place d'un groupe de travail algéro-arabe qui sera missionné de «superviser et de suivre la mise en oeuvre des clauses du présent accord, en coopération avec la partie palestinienne et sous la supervision d'Alger». Et plus important encore, ils ont pris la résolution de procéder à l'élection du Conseil national palestinien «à l'intérieur du pays et à l'étranger, sur la base du système de représentation proportionnelle intégrale, conformément à la formule consensuelle». Et pour ne pas laisser les Palestiniens seuls après le Sommet arabe d'Alger, «l'Algérie exprime sa disponibilité à abriter la rencontre du nouveau Conseil national palestinien, favorablement accueillie par toutes les factions participant à cette conférence», lit-on dans la Déclaration d'Alger. C'est dire que la Conférence d'unification des rangs palestiniens n'est pas une simple opération de ravalement de façade pour sauver les apparences, mais le début d'un véritable processus qui engage la Palestine, les pays arabes et l'Algérie. La bataille pour l'unité des rangs s'engage à peine. Elle bénéficie cette fois d'une vision claire, une démarche volontariste, en attendant un soutien franc de l'organisation panarabe, le 1er Novembre prochain.