L'Histoire rapporte qu'en 1945, le roi d'Angleterre, George VI convoqua son Premier ministre, Winston Churchill pour lui demander de faire un état des lieux sur son royaume au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Connu pour son style franc et direct, Churchill répondit que les avions d'Hitler ont tout détruit: les routes, les ponts, les usines et les écoles. Tout est paralysé lance le vieux Churchill avant de conclure: « Sir, il n' y a que la justice qui continue de fonctionner.» À ces derniers mots, on rapporte que le roi George VI s'est levé, tapa des deux mains et s'exclama: « Le royaume est sauvé!». Autrement dit, la justice n'est pas seulement la pierre angulaire d'un Etat de droit, c'est même le socle sur lequel repose tout l'Etat. Sans justice, ce dernier est condamné à l'effondrement à la moindre secousse. Il a été question de justice, hier, au siège de la Cour suprême où le président de la République Abdelmadjid Tebboune, président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a procédé à l'ouverture de l'année judiciaire 2022-2023. Erigée au rang de chantier sacré, le Président a rappelé, hier, dans son allocution «la place de choix» qu'occupe l'institution judiciaire, qu'il a qualifiée de «bouclier protecteur du citoyen et de ses biens et garante des droits des citoyens et qui veille sur la quiétude et le bien-être au sein de la société». Conscient des carences affectant le système judiciaire et de la nécessité de procéder à une réforme en profondeur de l'institution en vue de renforcer la démocratie et l'Etat de droit, le Président a réaffirmé son souci de «renforcer les mécanismes de l'indépendance de cette institution», aux fins de garantir la suprématie de la loi, «protéger les libertés et consacrer l'égalité en termes des droits et des devoirs». Aussi, a-t-il fait du rétablissement de la dignité du citoyen une «lutte inlassable», en consécration des engagements qu'il a pris devant le peuple. «Je me suis engagé à mener une lutte inlassable pour rétablir la dignité du citoyen, en consécration des engagements que nous avons pris devant le peuple algérien et par fidélité au serment des glorieux chouhada», rappelle le chef de l'Etat. Pour ce faire, un coup de fouet ne serait pas de trop à une institution qui n'a pas le droit de traîner le pas face au...droit. «Nous aspirons, en cette année judiciaire, à accélérer le rythme de travail selon les nouvelles données économiques», a conseillé le Président appelant à procéder «rapidement» à l'installation des tribunaux commerciaux et à la promulgation des lois régissant le climat des affaires pour renforcer les garanties existant dans la nouvelle loi sur l'investissement. Dans ce chapitre économique, Tebboune a estimé que le processus de développement et de relance économique «en appelle à la moralisation de la vie publique et la lutte contre la corruption». Il a salué dans ce sens les efforts déployés par la justice au sein des différentes institutions de l'Etat, «à l'instar des services de sécurité, dans la lutte contre les différentes formes de criminalité, notamment dans les zones frontalières». Le président de la République s'est dit convaincu que la Justice algérienne «a toutes les raisons de se hisser à des niveaux reflétant effectivement les capacités mobilisées, qu'il s'agisse de ressources humaines ou de moyens matériels», évoquant «la rigueur avec laquelle les tribunaux ont traité les actes criminels dont les auteurs ont cherché à semer la panique et le chaos» et «la fermeté dont fait preuve la justice face à la diffusion de fake news et de discours haineux, ou encore face à l'usage des technologies de l'information et de la communication à des fins subversives». Autant d'aspects qui dessinent le «nouveau visage de l'action judiciaire et du secteur de la justice» qui constitue un modèle des nouveaux «changements profonds que nous sommes en passe de cristalliser», a souligné le président Tebboune, relevant que ces changements «préludent à l'édification d'un Etat capable de protéger, avec arme de la loi à la main, son économie nationale face aux dangers du pillage et de la corruption».