Coup dur pour le cartel d'Alger du kif. Ce conglomérat tout puissant vient d'être démembré d'un de ses importants tentacules le week-end dernier. Détails d'une affaire qui sent les effluves du haschisch et le quartier de viande congelée. Jeudi, c'est jour de marché, et l'allée commerçante, dite des 13 Boutiques, de Ben Omar à Kouba ne désemplit pas. La journée a été bonne pour la plupart des vendeurs de légumes, fruits et viandes particulièrement «fréquentés» en fin de semaine. Tout leur loisir le soir, donc, est de faire le bilan de la journée, l'état des ventes et des bénéfices. Ce qui n'est pas le cas de ces associés de la boucherie familiale la plus réputée des environs est d'Alger. Une descente des éléments de la police judiciaire de Hussein Dey, bouleverse subitement leur ordre des priorités commerciales. Les policiers qui tiennent en respect les sept personnes, commencent une fouille minutieuse du local, au milieu des recettes de la journée et des senteurs de chairs froides mal empaquetées. La perquisition durera, pour les sept suspects, une éternité. Dans le cadre des efforts de la police de remonter les grosses filières de kif qui desservent la région algéroise, c'est-à-dire Alger et ses banlieues Est, Sud et Ouest, de nombreux coups de filets ont été opérés, notamment au quartier dit Cervantès à Belcourt, à El-Harrach et au centre d'Alger ces derniers mois. Les descentes s'opérent en général du début du week-end, entre mercredi et jeudi. «C'est pendant ces jours de la semaine que les consommateurs s'approvisionnent habituellement pour passer un week-end ‘‘planant''», nous confie le commissaire Zitouni de la brigade antistupéfiant de la Police judiciaire d'Alger. C'est sur la base d'un recoupement d'informations et d'indications recueillies par les services de la P. J.d'Hussein Dey que les policiers interviennent ce soir-là dans cette boucherie de Ben Omar. La synthèse de ces données dresse le portrait succinct d'un gros trafic de drogue qui étend son réseau d'écoulement sur une grande partie de la banlieue est d'Alger, de Kouba aux Eucalyptus. Après quelques dizaines de kilos de quartiers de viande fouillés avec le dernier des acharnements, les policiers tombent sur deux bons kilos de résine de cannabis bien «farcie» à l'intérieur d'une des carcasses qui jonchent le frigo de la boucherie. La prise est belle et les sept associés familiaux dans de beaux draps. Présenté samedi dernier aux juges d'instruction d'Hussein Dey, le principal accusé est vite mis sous mandat de dépôt, il est présumé être le cerveau du réseau. Les six autres complices seront, pour leur part, placés sous contrôle judiciaire.