Les deux Corées ont procédé, hier, à des échanges de tirs de missiles: Pyongyang en a lancé plus de 10, dont l'un est tombé près des eaux territoriales sud-coréennes, ce qui a amené Séoul à riposter avec trois missiles air-sol, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol dénonçant une «invasion territoriale de fait». Un missile balistique de courte portée attribué à la Corée du Nord a tout d'abord franchi la Ligne de limite du Nord, qui constitue de fait la frontière maritime entre les deux pays, provoquant une rare alerte au raid aérien demandant aux habitants de l'île sud-coréenne d'Ulleungdo de se réfugier dans des abris souterrains. Selon l'armée de Séoul, c'est «la première fois depuis la division de la péninsule» à l'issue des combats de la guerre de Corée en 1953 qu'un missile nord-coréen est tombé si proche des eaux territoriales du Sud. Yoon a «souligné que la provocation nord-coréenne est une invasion territoriale de fait par un missile qui a franchi la Ligne de limite du Nord pour la première fois depuis la division» de la péninsule, a déclaré la Présidence sud-coréenne dans un communiqué. Le missile tombé au plus proche de la Corée du Sud a amerri dans des eaux situées à seulement 57 kilomètres (35 miles) à l'est de la Corée du Sud continentale, a indiqué l'armée de Séoul, qui a qualifié de «très rare et intolérable» le tir de Pyongyang. «Nous déclarons que notre armée répondra de manière décisive à cela», a-t-elle ajouté. Peu après, l'armée de Séoul a rapporté avoir tiré trois missiles air-sol près de l'endroit, au niveau de la frontière maritime, où le missile nord-coréen était tombé. L'état-major interarmées sud-coréen avait initialement affirmé avoir identifié un tir de trois missiles balistiques de courte portée. Mais il a par la suite annoncé que la Corée du Nord avait lancé «plus de 10 missiles de types différents vers l'Est et l'Ouest». Le président Yoon a convoqué une réunion du Conseil national de sécurité au sujet de ce lancement. Le président sud-coréen a en outre ordonné des mesures «rapides et sévères afin que les provocations de la Corée du Nord paient un prix fort». Le Japon a également confirmé le lancement de missiles nord-coréens. Séoul et Washington organisent actuellement le plus grand exercice aérien conjoint de leur histoire, baptisé «Tempête vigilante» (Vigilant Storm), auquel participent des centaines d'avions de guerre des deux armées. Pak Jong Chon, maréchal et secrétaire du Parti des travailleurs au pouvoir en Corée du Nord, a qualifié ces exercices d'agressifs et provocants. Le nom de ces manoeuvres fait écho à l'opération «Tempête du désert», de la coalition conduite par les Etats-Unis contre l'Irak en 1990 et 1991, après l'invasion du Koweït. «Si les Etats-Unis et la Corée du Sud tentent d'utiliser leurs forces armées contre la RPDC, les moyens spéciaux des forces armées accompliront leur mission stratégique sans délai», a déclaré Pak à l'agence KCNA. «Les Etats-Unis et la Corée du Sud devront faire face à une terrible affaire et payer le prix le plus horrible de l'histoire», a ajouté Pak. Ce tir, hier, de missiles nord-coréens survient après une série de lancements, qualifié d'exercices nucléaires tactiques. Washington et Séoul avertissent de manière répétée que Pyongyang pourrait effectuer un nouvel essai nucléaire, qui constituerait le 7e de son histoire. Le Kremlin a appelé hier toutes les parties «au calme», après le lancement par la Corée du Nord de plusieurs missiles sol-air, qui a provoqué l'inquiétude en Corée du Sud. «Toutes les parties de ce conflit doivent éviter de prendre des mesures quelconques susceptibles de provoquer une montée des tensions», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en soulignant que la «situation sur la péninsule est déjà assez tendue». «Nous appelons tout le monde à garder son calme», a-t-il insisté.