Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé, hier, la reprise des exportations de céréales ukrainiennes via le couloir humanitaire en mer Noire. «Suite à mon entretien avec (le président russe Vladimir) Poutine, hier, les expéditions de céréales se poursuivront à partir de midi aujourd'hui», a déclaré Erdogan. Selon le président turc qui s'exprimait devant le groupe parlementaire de son parti, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a appelé son homologue turc Hulusi Akar pour l'informer que les expéditions de céréales reprenaient «comme avant» à partir de 9h00 GMT. Erdogan, qui a eu un entretien mardi avec son homologue russe par téléphone, devait s'entretenir avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans la journée.Le départ de cargos chargés de céréales ukrainiennes, au centre d'un enjeu mondial de sécurité alimentaire, avait été suspendu mardi soir après que Vladimir Poutine a exigé des garanties que ce couloir de navigation ne sera pas utilisé pour attaquer la flotte russe, en pleine guerre contre l'Ukraine. Ces exigences, exprimées lors d'entretiens mardi avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, font écho à des attaques de drones marins, non revendiquées à ce stade par l'Ukraine, qui ont frappé samedi des bâtiments de la flotte militaire russe dans la baie de Sebastopol (Crimée), en touchant au moins un. La Russie a lancé en retour lundi une vague de frappes massives de missiles de croisière sur Kiev et les infrastructures civiles du pays, et annoncé dès samedi se retirer de l'accord qui permettait l'exportation des millions de tonnes de céréales ukrainiennes via le Bosphore. À l'unisson des alliés occidentaux et des Nations unies, le président français Emmanuel Macron a dénoncé mardi «une décision unilatérale de la Russie qui nuit de nouveau à la sécurité alimentaire mondiale», à l'issue d'un entretien avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Celui ci a souligné la volonté de Kiev de continuer ses exportations dans le cadre de l'accord céréalier, et a demandé à la France de l'aider à se protéger contre les attaques de missiles russes. Dans la journée, le président Erdogan, qui a usé de ses liens préservés tant avec Moscou qu'avec Kiev pour se placer en garant, avec l'ONU, de l'accord de juillet sur l'exportation des céréales ukrainiennes - notamment à destination du monde musulman et africain - s'était dit «confiant» sur les chances de parvenir à une solution. Mais le Centre de coordination conjointe (JCC) basé en Turquie et chargé de l'application de l'accord en mer Noire a annoncé mardi soir la suspension de tous les mouvements de cargos hier. «Le secrétariat des Nations unies au centre de coordination conjointe, les délégations d'Ukraine, de Russie et de Turquie se sont accordées pour ne pas planifier de mouvement de cargos le 2 novembre au titre de l'Initiative pour les céréales en mer Noire», a indiqué le JCC dans un communiqué. La Russie avait mis en garde lundi contre le «danger» pour les cargos poursuivant sans son accord la navigation dans le couloir menant des ports ukrainiens au Bosphore, et vers la Méditerranée. Alors que Moscou et Téhéran démentent catégoriquement des livraisons de drones iraniens à l'armée russe, les Etats-Unis se sont dits mardi «préoccupés par la potentielle livraison, cette fois, de missiles sol-sol iraniens, devant compléter les stocks déclinant de la Russie». Les autorités de la région de Kherson ont annoncé de nouvelles évacuations d'habitants vers l'est, après avoir transféré près de 70 000 personnes la semaine dernière. «J'ai décidé d'étendre la zone d'évacuation de 15 kilomètres à partir du Dniepr», a déclaré le gouverneur de Kherson, Vladimir Saldo, dans une allocution publiée sur Telegram. L'Ukraine qualifie ces évacuations comme une «déportation» des habitants.