On savait que le sommet du G20 où le président russe Vladimir Poutine était l'absent de marque pour cause d'agenda chargé allait tourner principalement autour du conflit en Ukraine, même si ce sujet ne figurait pas à l'agenda officiel de la réunion. Dans le cadre tropical de Bali, en Indonésie, le conflit ukrainien cristallisait, en effet, les préoccupations du fait de ses conséquences sur les prix de l'énergie et de l'alimentation, entre autres. Le fait est que le sommet a confirmé, d'abord et surtout, le fossé entre des pays occidentaux engagés avec Kiev et d'autres pays, notamment la Chine, qui n'entendent pas s'aligner sur leur position et refusent de condamner la Russie. Malgré cette ligne de fracture, il y a eu un effort conjugué des 20 membres du club pour un projet de communiqué final constatant les répercussions dramatiques de «la guerre en Ukraine» et affirmant la «condamnation ferme» du conflit par «la plupart des membres» qui qualifient d' « inadmissible» le recours ou la menace de recours à l'arme nucléaire. En outre, le document préconise la prorogation de l'accord conclu sous l'égide de la Turquie pour les livraisons de céréales ukrainiennes via l'ONU. Reste la question de savoir si ce projet obtiendra in fine l'adhésion de tous les pays participant au sommet que le président ukrainien souhaite «définitif» après avoir, dans son intervention par visioconférence, exclu la Russie en parlant du G19! Apparemment en quête d'escalade, il conditionne les négociations auxquelles appellent sans cesse ses soutiens occidentaux par un retrait total des forces russes non seulement du Donbass intégré récemment au territoire russe par référendum mais aussi de la Crimée également récupérée par Moscou en 2014. Des exigences «inacceptables» a, d'ailleurs, souligné le ministre russe des Affaires étrangères. Conscients du fait que la Chine se retrouve désormais au centre du jeu, les puissances occidentales et plus particulièrement la France pressent Pékin d'agir auprès de Moscou pour l'inciter à la négociation afin de mettre fin au conflit dont les répercussions sur l'économie mondiale sont désastreuses, aussi bien au plan énergétique qu'alimentaire. Si le médiateur turc Erdogan croit à la possibilité d'obtenir la reconduction de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes qui expire demain, le missile qui a frappé hier la Pologne, faisant deux morts, et dont Kiev a aussitôt affirmé qu'il émane de la Russie risquait d'aggraver un contexte déjà tendu. Fort heureusement, les capitales occidentales dont Washington ont toutes exhorté à la «prudence» tandis que la ministre belge de la Défense a courageusement indiqué qu'il s'agit d'un des nombreux missiles tirés par les troupes ukrainiennes qui disposent, outre les tonnes d'armes livrées par les alliés atlantistes, de stocks russes plus ou moins entretenus. Cela étant, tous les regards sont maintenant tournés vers la Chine dont le président Xi Jinping a scellé un partenariat stratégique avec son homologue russe Vladimir Poutine peu avant le début du conflit. Engagé dans un front commun contre «les volontés hégémoniques», Pékin a encore refusé à Bali, lors du sommet du G20 toute condamnation de l'opération spéciale russe en Ukraine même si Xi a rejeté l' « instrumentalisation» des produits alimentaires et de l'énergie après avoir fermement condamné les sanctions occidentales contre la Russie. Aussi bien le président français Macron qu'américain, Joe Biden, ont exhorté leur homologue chinois à agir en faveur d'improbables négociations et surtout pour écarter la menace d'un recours à l'arme nucléaire dont Poutine a indiqué qu'elle constitue, le cas échéant, le bouclier contre toute atteinte au territoire russe.