Des eurodéputés de tous les groupes politiques de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen, ont exigé, hier, une "enquête rapide et indépendante" sur le drame migratoire de Nador-Melilla en juin dernier, quand au moins 23 migrants subsahariens ont été sauvagement tués par la police marocaine. Selon la socialiste portugaise Isabel Santos, ce qui s'est passé le 24 juin dernier exige "une enquête indépendante et rapide", relevant que "les responsabilités doivent être situées de part et d'autre et que les choses doivent être tirées au clair". Pour sa part, la socialiste allemande, Birgit Sippel, a affirmé dans son intervention qu"il est temps de faire pression sur le Parquet espagnol et les médiateurs pour qu'il y ait des enquêtes impartiales en Espagne et au Maroc", dénonçant "les contradictions dans les versions des autorités marocaines et espagnoles sur ce qui s'est passé le 24 juin dernier". Dans le même ordre d'idées, l'eurodéputé libérale Sophie In't Veld a regretté le "très peu d'urgence à enquêter" sur les faits et l'opacité entourant l'enquête que mène le Parquet espagnol. "Nous avons besoin d'éclaircissements des deux parties, nous avons un besoin urgent de réponses. Nous venons d'apprendre que les caméras ont été éteintes, c'est un fait très alarmant, nous avons besoin d'éclaircissements rapidement", a insisté la Néerlandaise. Le socialiste italien, Pietro Bartolo a, quant à lui, indiqué que "ce qui s'est passé le 24 juin dernier est inacceptable". Les différents intervenants ont, par ailleurs, regretté l'absence à cette réunion du ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, qui a décliné l'invitation qui lui a été adressée formellement par la Commission parlementaire le 25 octobre dernier. "Cette Assemblée a droit à des explications dans la mesure où il s'agit d'événements très graves qui se sont produits à une frontière européenne", a notamment déclaré l'eurodéputé du Parti populaire, Javier Zarzalejos. Il est à noter qu'avant l'intervention des eurodéputés, la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen a donné la parole à la directrice générale de la Commission espagnole d'aide aux réfugiés (CEAR), Estrella Galan, et au vice-président de la section Nador de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH ), Omar Naji. Dans leurs interventions respectives, ils ont dénoncé une "tragédie sans précédent à la frontière de l'Union européenne" et critiqué la passivité des autorités espagnoles face à une situation de "violences démesurées". Omar Naji a affirmé, par ailleurs, que les migrants subsahariens ont pu atteindre la clôture de Melilla avec la complicité des forces marocaines qui "auraient pu les arrêter des kilomètres avant leur arrivée à la clôture, mais elles ne l'ont pas fait". Selon les deux organisations, le 24 juin dernier, il n'y a pas eu seulement 23 morts parmi les migrants comme le prétendent les autorités marocaines, "mais 37 et 77 portés disparus, ainsi qu'au moins 470 retours sommaires effectués, sans soins aux blessés".