Des changements importants devront intervenir dans le budget global de l'Etat pour l'année 2023. En effet, le projet de loi de finances PLF-2023 enregistre des hausses conséquentes dans le budget de fonctionnement, mais aussi celui de l'équipement. C'est ce qui ressort de la présentation du ministre des Finances, Brahim Djamel Kassali devant la Commission des affaires économiques et financières du Conseil de la nation. L'un des aspects phares de ce projet de loi de finances 2023, qui focalise l'attention est, sans nul doute, cette masse colossale consentie au titre des revalorisations des salaires, annoncées par le président Tebboune. Il s'agit, en fait, des incidences financières dues au titre de la modification de la grille indiciaire des salaires, nécessitant un budget colossal de 579,04 mds DA, soit une hausse sensible de plus de 6.55%, comparativement à 2022. Du coup, le budget de fonctionnement de l'Etat passe de la somme de 7697 mds DA, édictée dans la loi de finances complémentaire LFC 2022, à 9767,55 mds DA prévue pour 2023, soit une hausse de 26,9%. Il va sans dire que les incidences de cette revalorisation salariale, à travers une révision de la grille indiciaire, devront toucher plus de 2.6 millions de fonctionnaires au sein des différents secteurs de l'administration publique. L'autre nouveauté introduite par ce projet de loi de finances est, sans doute, la mise en branle des dispositions de la loi organique 18-15, dans l'objectif d'impulser un nouveau mode de gestion de la sphère publique, basé sur «la gestion par objectifs selon les résultats et le rendement». Un sorte de contrat de performance qui devra imposer de nouvelles bases dans la gouvernance publique, ainsi qu'une nouvelle méthode dans la gestion des finances publiques. Le texte de projet de loi de finances 2023 prévoit, également, des mesures relatives à l'affectation d'une réserve combinée dotée d'un budget de 1376 milliards Da pour 2023.Cette réserve est destinée à «la couverture des dépenses imprévues, issues des décisions prises en matière de réévaluation des points indiciaires, de l'allocation chômage, des pensions de retraite, ainsi qu'en matière de mise en exécution des réformes d'aide et des créances des dispositifs d'aide à l'insertion professionnelle (Daip), au dispositif d'activités d'insertion sociale (Dais)». Sans compter le versement d'éventuelles tranches liées à la prime de Covid-19. On notera, également, une forte croissance des budgets alloués à l'intervention économique de l'Etat (plus de 40.67%), avec 1927,20 mds DA pour 2023, contrairement à 2022 où le montant dégagé était de 1370,03 mds DA. Ce sont les fonds spéciaux du Trésor et la hausse des affectations dédiées à l'assurance annuelle contre le chômage, qui ont motivé ces mesures de revue à la hausse, pour un montant global de plus de 376.34 mds DA. Le secteur de la sécurité sociale et des retraites a également bénéficié d'une attention particulière de la part des initiateurs du texte de projet de loi de finances. On notera qu'au titre des régularisations des créances des institutions de ce secteur, il a été concédé la somme de «75,9 milliards DA, dont 70 milliards DA au profit de la Caisse nationale des retraites (CNR) et 5,9 milliards de dinars au profit de la Casnos». Pour ce qui est du développement local, l'Etat a également alloué des fonds importants au Fonds de solidarité et de garantie des collectivités locales -Fgscl- avec une proposition de dotation de l'ordre de 340 milliards DA. Par ailleurs, les pouvoirs publics semblent décidés à poursuivre les opérations de dégel des projets, notamment ceux stratégiques et porteurs de valeurs ajoutées au plan local et national. Outre le dégel de 217 projets d'investissements en 2022, avec une dotation de 112 milliards de DA, il est prévu le parachèvement des travaux en cours de réalisation et la réévaluation d'autres, qui étaient à l'arrêt. Mais, encore une fois, la réactivation ne concernera que les projets d'intérêt stratégiques. Du coup, des hausses importantes devront caractériser le budget d'équipement de l'Etat pour l'année 2023. Ainsi, ce chapitre devra passer d'un budget de 3913,2 mds DA prévu dans la loi de finances complémentaire LFC 2022, à 4019,28 mds DA prévu dans la loi de finances LF 2023, avec une hausse de plus de 2,7%, devait encore signaler le grand argentier du pays Kessali. Autant dire que l'attachement prononcé du président de la République à la préservation du pouvoir d'achat des citoyens et la lutte contre l'inflation, à travers les mesures sociales et la relance de la croissance économique, sont ostentatoirement lisibles dans ce projet de loi de finances 2023.