Le ministre de la Justice, Abderrachid Tabbi, entend rapprocher l'administration judiciaire du justiciable. Ce n'est pas une simple formule de circonstance, mais bel et bien, une véritable opération qu'il compte initier pour débusquer les insuffisances de la justice algérienne. L'opération en question débutera, ce dimanche, et consistera en une série d'inspection des autorités judiciaires du pays. Le communiqué du ministère de la Justice, rendu public, hier, à l'issue d'une réunion présidée par Abderrachid Tabbi, retient prioritairement l'objectif de cette initiative, à savoir, l'amélioration «du service public fourni par la justice». Pareil intitulé peut paraître quelque peu galvaudé, sauf que le ministre n'a pas l'intention d'en rester à une simple déclaration d'intention. On peut en vouloir pour preuve, la longue liste des services soumise à l'inspection. Il s'agira donc de veiller à «la bonne gestion des séances, la manière de traiter le justiciable, les délais de prononciation des jugements, le suivi des affaires de spéculation, de contrebande, de drogue et de criminalité sous toutes ses formes», souligne le communiqué qui retient également parmi ces affaires «celles liées aux accidents de la route ainsi que le suivi de la liquidation des objets saisis, notamment les véhicules». Il va de soi que pour chaque service, il existe ici ou là des fonctionnaires de la justice qui manquent à leur devoir envers les citoyens. Il y a lieu de noter en effet que dans la quotidienneté, des zones d'ombre persistent, malgré des améliorations concrètes enregistrées dans l'appareil judiciaire national. Le ministre, qui semble décidé à ne rien oublier dans la complexe administration judiciaire, a insisté sur «la liquidation des montants financiers des cautions, des frais judiciaires et du recouvrement des amendes». Cette précision dans l'inspection va jusqu'à «la prise en charge de la question d'application des peines et d'exécution des jugements civils et des décisions de justice, le règlement du dossier de réhabilitation juridique et judiciaire». Des aspects assez lourds, mais qui concernent des milliers de justiciables qui ont droit à un traitement juste, et dans des délais raisonnables, de leurs affaires. La réunion d'hier a mis dans le «package» des inspecteurs «le suivi de l'activation de la cellule d'exécution et de la commission chargée de la gestion des archives». Cela en sus de «l'inspection et du contrôle technique des projets en cours de réalisation et la levée des obstacles qui entravent leur livraison, et les efforts consentis par les procureurs généraux en la matière». Il faut dire, à ce propos, que d'une manière ou d'une autre, les projets à l'arrêt impacte la qualité des services rendus aux citoyens. Ces derniers auront immanquablement leur mot à dire et pourront interpeller l'administration judiciaire sur les manquements constatés dans tous les services, sans exception. À voir, en effet, l'étendue, mais aussi l'ampleur de l'opération d'inspection, l'on peut constater la volonté politique qui sous-tend cette opération d'envergure. Laquelle finira certainement par débusquer les comportements nuisibles à l'image de marque de la justice. Un dossier qui traîne trop longtemps sans justification valable suggère un laisser-aller coupable de fonctionnaires ou carrément une rétention pour des motifs inavouables de corruption. Il n'est pas dit que le but de l'opération d'inspection soit animé par la seule ambition de lutte contre la bureaucratie et la corruption, mais il est évident qu'une transparence dans le fonctionnement de l'administration judiciaire empêche ces fléaux de s'incruster dans tous les corps en rapport avec la justice. Il y a lieu de retenir, enfin, que ce programme d'inspection est considéré comme ordinaire. Il «concerne toutes les cours de justice et leurs tribunaux, ainsi que les tribunaux administratifs. Il servira également de base au processus d'évaluation de la mission des présidents des juridictions au milieu de l'année judiciaire», conclut le communiqué du ministère de la Justice.