On le sait maintenant, la Tunisie est attendue par le conseil d'administration du FMI, lundi prochain, le Borad se réunissant pour statuer sur la demande tunisienne d'un prêt de 1,9 milliard de dollars dans le cadre du «mécanisme élargi de financement» qui conditionne l'accès à d'autres apports des institutions internationales. Elle se prêtera à l'examen méthodique de l'institution monétaire, en même temps que le Kenya, l'Ukraine et la Serbie, sauf changement de dernière minute puisque le calendrier du FMI, ou plutôt de son instance précitée, peut varier du jour au lendemain, la programmation définitive intervenant à la veille du jour J. La population tunisienne, très éprouvée par une crise socio-économique qui perdure depuis bientôt trois ans et dont le choc a été aggravé, cette année, par les conséquences directes et indirectes du conflit en Ukraine, notamment en ce qui concerne la disponibilité impérative des céréales, attend avec autant d'impatience que d'espoir cette manne indispensable à une relative accalmie sur le front des pénuries et d'une inflation de plus en plus dommageable. La rareté des produits de large consommation et l'envol des prix des produits de première nécessité ainsi que ceux des produits énergétiques ont mis les nerfs des Tunisiennes et des Tunisiens à rude épreuve, alors que des élections législatives sont attendues dans moins d'une semaine, malgré le boycott annoncé d'une large frange de l'opposition, principalement islamiste. Autre lueur d'espoir, la rencontre que le président tunisien Kaïs Saïed a eue à Riyadh, lors du sommet Chine - Monde arabe, avec son homologue chinois Xi Jinping pourrait être porteuse d'une inattendue éclaircie. Pékin qui affiche un taux de 60% des financements étrangers en Afrique, majoritairement avec des taux d'intérêt symboliques, voire nuls, des remboursements étalés sur des décennies et parfois même effacés purement et simplement comme ce fut le cas récemment avec 17 pays africains, intéresse Tunis au plus haut point et Kaïs Saïed a présenté à Xi Jinping, en la circonstance, toute une gamme de projets. Il a été notamment question d'une Cité médicale à Kairouan, de divers projets de centrales électriques et autres installations d'énergie renouvelable, de stations de dessalement d'eau de mer au sud de la Tunisie etc...Le président chinois a pris acte de cette ambition tunisienne, d'autant plus nécessaire que la population affiche une grande lassitude quant à la course durant 48 mois derrière le FMI pour un prêt qui ne résoudra rien, en fin de compte. Pour peu que les dossiers présentés par Kaïs Saïed soient viables économiquement, les invitations réciproques que les deux chefs d'Etat ont échangées, pour une visite officielle dans l'un et l'autre pays, pourraient être porteuses d'un souffle nouveau. Il faut dire que c'est certainement ce dont le peuple tunisien a cruellement besoin, en cette longue période de vaches maigres.