Le Fonds monétaire international (FMI) est parvenu à un accord avec le gouvernement tunisien qui va permettre le déblocage d'un versement de 1,9 milliard de dollars alors que la Tunisie fait face à de graves difficultés économiques. Le principe a été arrêté entre les services techniques du FMI et les autorités tunisiennes, mais l'accord doit encore être validé par le conseil d'administration du Fonds, selon un communiqué publié samedi. En échange de ce décaissement, le gouvernement tunisien s'est engagé sur un programme de réformes. Il comprend notamment la fiscalisation de l'économie informelle, des mesures de soutien aux plus modestes, ainsi qu'un renforcement de la transparence au sein du secteur public. L'accord porte sur une durée de quatre ans. Par ailleurs, des milliers de Tunisiens ont manifesté samedi à Tunis pour dénoncer les politiques du président Kaïs Saïed qu'ils accusent d'être responsable de la grave crise économique dans le pays, marquée par des pénuries récurrentes de denrées de base et une forte inflation. Menés par le Front de salut national, une coalition de partis d'opposition dont fait partie la formation d'inspiration islamiste Ennahdha, les manifestants ont traversé les rues principales de la capitale tunisienne, appelant au départ du Président. La Tunisie, étranglée par une dette supérieure à 100% de son PIB et incapable d'emprunter sur les marchés internationaux, a conclu les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt d'environ deux milliards de dollars. Cette crise financière s'est traduite ces derniers mois par des pénuries récurrentes de produits de base (farine, sucre, café...) dans un contexte d'inflation galopante (près de 9% en août sur un an). Les difficultés de la Tunisie, en dégringolade économique depuis 10 ans, ont été amplifiées par la crise de Covid-19 et la guerre en Ukraine qui renchérit les importations de céréales et hydrocarbures dont elle est très dépendante. Le pays est également englué dans une grave crise politique depuis les mesures du 25 juillet 2021 du président Saïed qui a démis le gouvernement et gelé le Parlement. «Cette manifestation reflète la colère face la situation en Tunisie sous Kaïs Saïed et appelle à son départ», a dit l'ancien Premier ministre Ali Laarayedh, vice-président d'Ennahdha. «Si le pouvoir politique actuel persiste, il n'y a pas d'avenir pour la Tunisie. La pauvreté, le chômage et le désespoir sont en hausse», a-t-il ajouté. Parallèlement, une autre manifestation contre la dégradation des conditions de vie a également eu lieu samedi à Tunis, organisée par le Parti destourien libre (PDL), une formation d'opposition anti-islamiste. Les participants à cette manifestation ont brandi des paniers vides en référence à la forte baisse du pouvoir d'achat. À Zarzis, des affrontements ont opposé de jeunes manifestants aux forces de l'ordre, après la découverte de 15 corps de migrants ayant fait naufrage, un mois plus tôt, aux larges des côtes tunisiennes et enterrés sous X. Des révélations ont établi qu'il s'agissait de jeunes Tunisiens et non de migrants africains comme l'ont affirmé les autorités locales.