Sur les 6000 spectateurs, seuls 400 ont payé leur ticket d'accès pour ce dernier jour. Le rideau est tombé sur le FIT avec la soirée bousculée de l'idole égyptienne Iheb Tewfik qui participe pour la troisième fois à Thamugadi, la romaine. Une marée humaine a envahi la petite localité de Timgad. Dans sa conférence de presse, peu avant le spectacle qui a débuté avec des groupes folkloriques des Aurès, Bentorki, le directeur de l'Onci, persiste et signe: «Le FIT, cuvée 2006, est réussi malgré quelques contraintes de parcours». Il ajoutera que sur les 6000 spectateurs, seuls 400 ont payé leur ticket d'accès pour ce dernier jour. Devant l'entrée, les billets s'échangent à deux fois leur tarif, soit 1600 DA. Un monde fou que ne peut contenir le site de 3000 places. «Bonjour les dégâts archéologiques» constatent les connaisseurs. Iheb, accueilli à l'aéroport par les autorités locales dont le wali et le président d'APW en tête, a été hébergé à la villa d'hôtes de la wilaya. Un accueil, on ne peut plus honorable par la capitale des Aurès.En contrepartie, le chanteur oriental aura comblé les déceptions des soirées précédentes, la gent féminine en force l'a assisté.Tout son répertoire a été passé en revue. Déhanchement, youyous et acclamations ont enflammé un public venu de tout l'est algérien. Ceci pour l'ambiance électrique qui aura duré quatre heures. Drapeaux algériens, libanais, palestiniens et égyptiens ont flotté dans les gradins en pierre, en cette fraîche nuit estivale, sous les lumières multicolores des mobilight. A noter que l'enfant du pays des Pharaons a ramené son orchestre personnel et il est permis d'affirmer que certes, c'étaitune nuit de la belle musique pour les apparatchiks bien installés contrairement aux petites gens parties à 16 heures pour accaparer une place sur les pierres brûlantes. Il faut, pour l'historique, rappeler que le Festival international de Timgad a débuté pour la première fois en 1967 et s'est arrêté en 1984 en raison, dit-on, des crises financières suivies de la décade terroriste. En 1999, sous le règne du président Zeroual, le FIT avait repris sous haute surveillance militaire et l'on enregistre en 2006, la 28e édition. Perdant de son charme au fil des ans, les dernières éditions, selon les initiateurs encore vivants, le FIT mérite une profonde réflexion pour sa relance effectivement internationale.Lors de l'ouverture le 12 juillet dernier, Bentorki, vraisemblablement embarrassé, déclarera que le FIT est financé cette année à concurrence de 700 millions de dinars par le ministère de la Culture et 30 millions de dinars par la wilaya. Les recettes d'entrée demeurent plus que dérisoires, confirme le boss de l'Onci. Effectivement, les invitations gracieuses et les tickets délivrés aux privilégiés parmi les administrations, les associations et les copains dépassent de loin les ventes des guichets. Même le montant avancé par Bentorki reste élevé lorsqu'on sait que les redevances d'électricité et eau ont toujours été difficilement récupérées par l'APC de Timgad - démunie et chroniquement déficitaire. Pis encore, les intellectuels de la région semblent prendre conscience de l'impact effectif du FIT sur la wilaya de Batna dont l'étendue dépasse la superficie du Liban agressé (9000km²). En matière de logistique (transport, préparatifs de la scène, prise en charge des médias...) la wilaya n'a pas lésiné sur les moyens, sauf que la délivrance des tickets gratuits en quantité perturbe les prévisions de l'Onci qui, lui, semble afficher de par le comportement de la poignée de fonctionnaires, un mépris manifeste tant à l'égard des populations en mal de divertissement qu'à la presse locale superbement ignorée par les employés de l'Onci. L'on se demande comment l'acte culturel pourra survivre à l'improvisation et aux promesses politiques sans lendemain à l'exemple du mythique théâtre de 10.000 places.