Vladimir Poutine a assuré lundi que la Russie n'allait pas absorber le Bélarus, tout en prônant un renforcement des liens militaires avec ce pays allié, à l'issue des pourparlers avec le président Alexandre Loukachenko. Peu après une attaque de drones sur Kiev, Poutine a assuré que la Russie n'avait «pas intérêt à absorber qui que ce soit. Cela n'a pas de sens tout simplement». Une déclaration que le département d'Etat américain a qualifié de «comble de l'ironie venant d'un dirigeant qui cherche à absorber violemment son autre voisin». Le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price faisait ici allusion à l'Ukraine, qui a subi un nouvel assaut de drones dans la nuit de dimanche à lundi, privant d'électricité des milliers d'Ukrainiens. Lors d'une conférence de presse avec son homologue bélarusse à Minsk, Vladimir Poutine a toutefois annoncé un accord, obtenu par les deux dirigeants lors de ces pourparlers «substantiels», pour renforcer leur coopération dans «tous les domaines», notamment dans le secteur de la défense. Il s'agit des «mesures communes pour assurer la sécurité» des deux pays, des «livraisons mutuelles d'armes», ainsi que de la fabrication commune des armements, a précisé Poutine. La Russie va également continuer de former des militaires bélarusses pour piloter des avions bélarusses de conception soviétique, capables de porter des bombes nucléaires, selon la même source.»Est-ce que nous sommes capables de protéger tous seuls notre indépendance, sans la Russie? Non!», a lancé pour sa part le président bélarusse. «La Russie peut se passer de nous, et nous ne pouvons pas nous passer d'elle», a-t-il encore fait valoir. «Et si quelqu'un pense qu'il pourrait nous séparer aujourd'hui, enfoncer un coin entre nous, ils n'y réussiront pas», a ajouté Alexandre Loukachenko. Le sommet entre les chefs d'Etat russe et bélarusse intervient à un moment où les autorités ukrainiennes disent redouter dans les premiers mois de 2023 l'éventualité d'une offensive russe sur Kiev qui serait déclenchée à partir du territoire bélarusse, répétant le scénario du 24 février. L'armée russe a déclaré lundi qu'elle allait prendre part à des manoeuvres «tactiques» au Bélarus, après l'annonce en octobre de la formation d'une force commune de plusieurs milliers d'hommes. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a toutefois démenti que Poutine soit allé au Bélarus pour convaincre Minsk de directement participer au conflit en Ukraine, qualifiant ces allégations de «stupides» et «sans fondement». Kiev a subi dans la nuit de dimanche à lundi un nouvel assaut massif de drones envoyés par la Russie. Selon les autorités locales, 23 de ces engins ont été aperçus dans le ciel de la capitale, dont 18 auraient été neutralisés par la défense antiaérienne. Les autorités locales ont affirmé que «plusieurs infrastructures et maisons» avaient été «endommagées» et au moins trois personnes blessées. Selon l'opérateur national Ukrenergo, le courant a été coupé à Kiev et dans 10 régions face à une situation «difficile» sur le réseau après ces frappes. Moscou a pour sa part assuré avoir abattu quatre missiles antiradar de fabrication américaine HARM au-dessus de la région russe de Belgorod, à la frontière, une zone régulièrement visée par les forces ukrainiennes. La Russie a aussi fait savoir que plusieurs de ses navires de guerre participeraient dès cette semaine à des manoeuvres avec la marine chinoise, sur fond d'efforts de Moscou et de Pékin en vue de consolider leurs liens face aux Occidentaux. Le déplacement de Vladimir Poutine au Bélarus est son premier dans ce pays en trois ans. Loukachenko va quant à lui régulièrement en Russie, notamment pour faire avancer le projet d'une union plus poussée entre les deux Etats. Le ministère russe de la Défense a diffusé lundi des images de manoeuvres au Bélarus sur lesquelles on voit des soldats avec des chars et s'exerçant à tirer à l'artillerie dans un paysage recouvert de neige.