Que pensent les syndicats du projet de loi portant statut particulier des travailleurs de l'Education nationale, annoncé en grande pompe par la tutelle? Ce texte, devant régir le parcours professionnel des fonctionnaires du secteur, répond-il à l'attente des enseignants et à la volonté du chef de l'Etat de les soutenir et qui d'ailleurs ne cesse d'insister sur l'impérative amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles? Cette question divise les membres de «la maison de l'éducation». D'un côté le ministère de l'Education nationale rassure. Le ministre Abdelhakim Belabed, avait indiqué que le statut particulier répond aux exigences sociales, professionnelles et pédagogiques de l'enseignant, comporte plusieurs nouveautés en faveur des employés et mesures au profit de l'enseignant, notamment pour ce qui est du classement, de la réduction du volume horaire des trois cycles, la dispense des travaux non pédagogiques et la réinstauration de l'autorité pédagogique de l'enseignant. Mieux encore, c'était au tour du premier responsable du secteur d'annoncer la couleur, avant-hier, en révélant que le projet de loi donnera lieu à de nouvelles augmentations salariales. Cette décision prendra bientôt effet, selon le MEN. Cette revalorisation des salaires tant attendue devant être effective au cours de cette année 2023, est l'une des revendications principales des syndicats du domaine. Une réclamation socioprofessionnelle qui ne date pas d'hier et qui semble faire, à première vue, l'unanimité chez les collaborateurs du ministre. Cela, étant donné que dans le fond, cette question divise les syndicats qui, de leur côté, affichent des appréhensions quand à la démarche de la tutelle. De l'avis de certains, la tâche du ministre demeure compliquée, voire impossible. L'application de la décision de Tebboune qui veut vite répondre aux attentes des fonctionnaires de l'éducation se heurte à une mésentente des partenaires sociaux sur de nombreuses questions, dont celles liés à l'unification du statut. C'est ce que laisse entendre, Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). «Au delà de préserver le pouvoir d'achat de l'enseignant et de faire aboutir ce droit pour lequel nous militons depuis des années, il faut savoir que l'unification du statut à l'ensemble des fonctionnaires du secteur ne fait pas l'unanimité chez tous les syndicats». Plus explicite, Amoura dira que le Satef est contre cette décision d'unification du statut. Un niet pur et simple, que le président de ce syndicat justifie par la logique et la nécessité d'exiger, dans ce sens, les normes internationales comme référence». L'allusion est claire. Le syndicaliste évoque l'impossibilité de l'unification du statut, en raison de la différence de niveau des différents travailleurs. Amoura n'a pas manqué l'occasion d'estimer que «le ministre devait au moins donner un exemple sur les revalorisations salariales qu'il avait annoncé». Si le Satef s'est dit contre l'unification, d'autres syndicats préfèrent rester neutres. C'est le cas du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). Zoubir Rouina, son secrétaire général, affirme avoir proposé «un glissement dans les catégories, qui doit se faire sur la base du niveau de formation des fonctionnaires afin de les encourager et de ce fait élever le niveau de l'école». Rouina est, par ailleurs, revenu sur les raisons de son retrait des séances de travail bilatérales organisées par la tutelle pour soumettre leurs propositions et revendications. «Nous nous sommes retirés parce que nous avons constaté et estimé que le champ pédagogique de l'enseignant a été rétréci au profit de celui de l'administration dans le premier projet qui nous a été présenté». «L'enseignant a, lui aussi, un pouvoir de décision, à travers par exemple les conseil de classe et il faudra se pencher sur les critères à mettre en place pour qu'il retrouve cet acquis», a-t-il davantage ajouté. Ces deux organisations syndicales déplorent la non-remise de la mouture dudit projet de loi. Et elles ne sont pas les seules à boycotter les dites réunions. À l'instar du Satef et du CLA, du Cnapest, du Snapest, des conseillers et des adjoints de l'éducation avaient refusé d'adhérer à la démarche de Belabed, à défaut de «non-publication dans le Journal officiel de la décision de création de la commission technique chargée de la révision du statut», selon les syndicalistes. L'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), de Sadek Dziri, est l'un des syndicats qui prônent une démarche commune. Il propose d'unifier la classification des enseignants des trois paliers. Afin d'étayer ses propos, il dira que «le taux des enseignants des trois cycles recrutés au cours des 10 dernières années ne sont pas diplômés des ENS dépassant les 80%». Et d'enchaîner: «L'unification de la classification est une démarche importante et cruciale, car il y va de la garantie de la stabilité de ce secteur névralgique».