L'or noir crache le feu. Les cours de l'or noir ont terminé la semaine qui s'est achevée vendredi (13 janvier 2023) sur sept séances de hausse consécutive après un début d'année catastrophique. Les cours de l'or noir ont, en effet, connu leur pire début de décennie en plus de 30 ans, chutant de plus de 9% au cours des deux premiers jours de négociation, les 3 et 4 janvier 2023. L'hémorragie a été stoppée de manière remarquable. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien qui avait lâché, environ 6 dollars depuis le début de l'année pour s'afficher à 78,57 dollars en fin de semaine achevée le 6 janvier, a redressé magistralement la barre en progressant de 1,48%, pour clôturer à 85,28 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février, qui avait perdu de son côté un peu moins de 5 dollars pour s'afficher à 73,77 dollars s'est bonifié de 1,87% à 79,86 dollars, tout près de la barre psychologique des 80 dollars qu'il ne tardera pas sans doute à casser. Le détonateur? La résurgence attestée de l'économie chinoise. La demande quotidienne de pétrole en Chine pourrait atteindre 16 millions de barils par jour cette année, selon un consensus établi par l'agence Bloomberg auprès de consultants spécialisés dans le marché chinois. «Nous estimons qu'on pourrait voir d'ici six à neuf mois environ un million, voire un million et demi de barils de nouvelle demande de la part de la Chine», a déclaré de son côté l'analyste Bart Melek de TD Securities. Ce qui était encore loin de frôler les esprits il y a à peine quelques jours. Il y a encore peu de temps «beaucoup de traders avaient des doutes sur la réouverture de l'économie chinoise, à cause de la flambée des cas de Covid-19. Mais il semble que l'on ait redémarré», a indiqué Phil Flynn, de Price Futures Group. «Et on voit de plus en plus de signaux qui montrent que la Chine essaye de sécuriser ses approvisionnements en énergie et qu'on a franchi un palier», a-t-il ajouté. Il faut rappeler que les prix du pétrole semblaient être plombés par l'incertitude qui entourait la demande de la Chine, premier importateur mondial de brut, malgré la levée des restrictions anti-Covid-19 qui a laissé espérer une rapide réouverture de l'économie de l'Empire du Milieu. L'impact de la Chine a, par conséquent, fait débat sur le marché. C'est probablement clos. Les cours de l'or noir semblent également avoir plus d'une corde à leur arc. En outre, «les opérateurs commencent à intégrer aussi une demande un peu plus étoffée en Europe, pas seulement en Chine», a souligné Edward Moya, d'Oanda, dans une note. La vague de froid est annoncée dans les tout prochains jours dans plusieurs pays d'Europe, après une longue période de douceur anormale pour la saison, ce qui devrait relancer les besoins en énergie du Vieux Continent. Les cours de l'or noir semblent profiter aussi d'un raffermissement de l'économie américaine, locomotive de l'économie mondiale et de la faiblesse du billet vert face à, sa rivale, la devise européenne. Le dollar a plongé jeudi dernier à un plus bas depuis huit mois face à l'euro. «Plus le dollar est faible, plus il en faut pour acheter un baril de brut», la plupart des contrats étant libellés en billets verts, a fait remarquer Robert Yawger, de Mizuho. Ce qui fait monter les prix et arrange les affaires des spéculateurs. Une conjoncture qui devait stabiliser le prix du Brent, notamment autour de son niveau actuel, durant le premier trimestre de 2023. Pour la seconde moitié de l'année, toute une série d'éléments pourrait affecter l'offre. Cela va d'une baisse des exportations russes à une possible réduction de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés de l'Opep+, en passant par les conséquences d'un sous-investissement chronique aux Etats-Unis ainsi qu'à leur renoncement au recours de leurs réserves stratégiques qui doivent bonifier le baril de 5 à 7 dollars. Un baril de Brent à plus de 100 dollars n'est pas exclu d'ici la fin de l'année.