Les autorités tunisiennes ont interdit jeudi une manifestation prévue demain du Front de salut national (FSN), la principale coalition de l'opposition, au motif que certains de ses dirigeants étaient soupçonnés de «comploter contre la sûreté de l'Etat». Dans un communiqué, le préfet de Tunis, Kamel Feki, a indiqué que la demande «du prétendu Front de salut national» pour organiser une marche dimanche «n'a pas été approuvée car certains de ses dirigeants sont soupçonnés de complot contre la sûreté de l'Etat». Le FSN, qui avait appelé à la manifestation pour dénoncer «les arrestations politiques et les violations contre les libertés publiques et individuelles», a contesté dans un communiqué le droit du préfet de l'interdire et annoncé qu'elle aurait lieu comme prévu dimanche à partir de 9h00 GMT dans le centre de Tunis. Une vingtaine de personnalités dans les milieux politiques, médiatiques et des affaires ont été arrêtées en Tunisie depuis début février. Ces arrestations, vivement critiquées par des ONG locales et internationales, ont notamment visé des figures politiques de premier plan du FSN et sa principale composante, le parti islamo-conservateur Ennahdha. Deux figures du parti, Sadok Chourou et Habib Ellouz, ont été arrêtés jeudi, selon les médias tunisiens. Ennahdha a affirmé dans un communiqué jeudi soir que les arrestations visaient à «terroriser l'opposition» et appelé les Tunisiens à «participer en masse» à la manifestation de dimanche. Le président Kaïs Saïed a qualifié les personnes arrêtées de «terroristes» et affirmé qu'elles étaient impliquées dans un «complot contre la sûreté de l'Etat». Le communiqué du préfet de Tunis n'a pas mentionné la manifestation aujourd'hui de l'UGTT, au cœur de Tunis. L'UGTT a annoncé jeudi qu'un syndicaliste espagnol invité à cette manifestation a été interdit d'entrée en Tunisie. « Nous venons d'apprendre avec consternation que le camarade Marco Perez Molina, Chargé de coopération avec l'Afrique et l'Asie au sein de la CEC UGT Espagne, a été interdit d'entrée sur le territoire tunisien en violation des droits syndicaux et des principes élémentaires de liberté et des droits de l'homme», a indiqué l'UGTT. Le 18 février, le président Saïed avait ordonné l'expulsion de la plus haute responsable syndicale de l'UE, Esther Lynch, pour «ingérence flagrante» dans les affaires tunisiennes lors d'une manifestation de l'UGTT.