L'un des principaux chefs de la rébellion centrafricaine, l'ex-président François Bozizé, a quitté le Tchad où il était exilé pour la Guinée-Bissau qui a accepté de l'héberger, a annoncé hier le ministre tchadien des Affaires étrangères. Bozizé, dont la chute en 2013 face à un mouvement rebelle avait déclenché une énième guerre civile qui perdure aujourd'hui, s'était réfugié à N'Djamena fin 2021, face à la reprise d'une majeure partie du territoire centrafricain, aux mains de divers groupes armés, par les soldats du président Faustin Archange Touadéra mais surtout grâce à l'intervention de centaines de mercenaires de la compagnie privée de sécurité russe Wagner. Mais sa présence au Tchad, alors que sa Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), principal mouvement rebelle, poursuit une guérilla dans le nord du pays, avait considérablement tendu les relations entre les deux pays voisins, Bangui accusant N'Djamena de laisser opérer la rébellion depuis son territoire. «François Bozizé a quitté le Tchad le 3 mars», en vertu d'un accord rendu possible lors d'une «réunion tripartite Angola, Tchad et République centrafricaine à Luanda le 17 février», a précisé Mahamat Saleh Annadif, le chef de la diplomatie tchadienne. «La Guinée-Bissau avait accepté de le recueillir, il s'y trouve depuis le 3 mars, a ajouté le ministre. «M. Bozizé était venu au Tchad à la demande de l'Angola et après un accord des autorités centrafricaines», affirme Saleh Annadif, ajoutant que «l'évolution de la situation a montré que la République centrafricaine n'est plus pour sa présence au Tchad en tant que pays voisin». Bozizé, coordonnateur général de la CPC, est arrivé le 3 mars en provenance de N'Djamena, a confirmé à Bissau un conseiller du président Umaro Sissoco Embalo qui a requis l'anonymat, ajoutant: «C'est à titre purement humanitaire qu'il a été accueilli». La guerre civile déchire la Centrafrique, pays parmi les plus pauvres du monde, depuis 2013, quand une coalition de groupes armés dominés par les musulmans, la Séléka, a renversé Bozizé, lequel a ensuite organisé et armé des milices dites anti-balakas, majoritairement chrétiennes et animistes, pour tenter de reprendre le pouvoir. Le conflit, extrêmement meurtrier pour les civils, a culminé en 2018 avant de baisser d'intensité, et Séléka et anti-balakas sont accusés par l'ONU d'avoir perpétré de nombreux crimes de guerre et contre l'humanité. En décembre 2020, le président Touadéra a appelé à la rescousse Moscou pour contrer une offensive de la CPC. La Russie avait envoyé des centaines de paramilitaires de Wagner en renfort de centaines d'autres présents depuis 2018, qui ont largement contribué à repousser les rebelles. Mais l'ONU et des capitales occidentales accusent l'armée centrafricaine et Wagner -comme aussi les groupes rebelles- de commettre des crimes contre les civils, et le pouvoir de Touadéra de rémunérer ses partenaires ««avec les ressources minérales du pays, notamment l'or et le diamant».