Les demandeurs d'emploi sont obligés de se déplacer jusqu'à Bordj Ménaïel, soit une soixantaine de km, pour une simple inscription. A travers tout le territoire de la wilaya, il n'existe que deux agences orphelines (Alem) dépendantes de l'Agence régionale de Tizi Ouzou. L'une est domiciliée dans la daïra de Déllys, l'autre à Bordj Ménaïel et une annexe nouvellement installée dans des locaux en préfabriqué de la Cnac, au chef-lieu de Boumerdès, qui est, du reste, rattachée à l'Agence de Bordj Ménaïel. De prime abord, un contraste se dégage. Alors que le chômage bat son plein, la rareté, voire l'inexistence de ces fameuses agences, s'est vite fait ressentir un peu partout, notamment du côté des communes et localités éloignées et isolées. A ce propos, il faut souligner que les demandeurs d'emploi originaires de Khemis El Khechna, Boudouaou et Ouled Moussa, Larbaâtach et Kadara sont obligés de se déplacer jusqu'à Bordj Ménaïel, soit une soixantaine de km, pour une simple inscription. Ainsi, la situation de base devient-elle problématique et, dès lors, du point de vue statistiques, elle constitue une contrainte, puisque le stock de chômeurs de plus en plus grand échapperait à tout contrôle et analyse auquel cas d'ailleurs, s'ajoute la demande additionnelle de travail, celle exprimée par les nouveaux arrivants sur le marché du travail, laquelle ne pourrait que fausser davantage les données déjà tronquées. N'est-ce donc pas vrai que le défit de l'emploi à terme que devrait prendre en compte le stock initial du chômage et les demandes nouvelles de travail devient en fait une anomalie. Dans ce contexte, il faut savoir, qu'hormis la catégorie des CPE qui bénéficie des cartes bleues valables pour un an, la période de validité de la carte d'inscription est seulement de trois mois renouvelables pour les demandeurs dits normaux. Le réseau des services de placement et orientation n'est pas étendu ; par conséquent, la couverture en la matière ne pourrait être que très limitée ; par ricochet, c'est la «tchipa» le népotisme, et autres phénomènes féodaux qui prennent place et comblent le vide. Et quoi de plus manifeste que le piston symptomatique généralisé auquel nous sommes parvenus aujourd'hui. La nécessité de revoir en profondeur la question de la meilleure réorganisation de ces structures mises sous la tutelle du département de la solidarité, tout en les équipant de tous les moyens nécessaires, est impérative pour les besoins propres des collectivités locales. L'argument du manque de moyens matériels et humains ne tient plus face à l'évolution favorable de la situation économique qui devrait éliminer, sinon réduire cette contrainte et surtout décentralise la mesure et l'analyse de l'emploi et du chômage. Cela étant, la quasi-majorité du personnel de ces agences, travaille dans le cadre du pré-emploi. Toutefois, la problématique majeure reste la grande disproportion entre la demande et l'offre. A titre indicatif, durant le premier semestre de l'année en cours, il est enregistré au niveau de l'agence de Bordj Ménaïel plus de 4036 demandes pour une offre ne dépassant pas les 296 postes de type temporaire émanant du secteur public, en particulier le bâtiment et les travaux publics. Cependant, quoi que l'on dise, selon notre interlocuteur, un certain engouement est enregistré car, poursuivra-t-il, pratiquement les agences sont quotidiennement visitées. Illustrant ceci à l'annexe de Boumerdès fraîchement installée, 522 demandes ont été comptabilisées durant le mois dernier et 405 le mois en cours dont 93 CPE qui seront transférés à la direction de l'emploi. Quant au sort de ces demandes, M.Aïch, le chef d'agence de Bordj Ménaïel, l'un des trois travailleurs permanents que compte cette agence, parle de 85 placements dans des postes temporaires ainsi que quelques placements satisfaits par compensation ; autrement dit, placés en dehors de la wilaya de Boumerdès. Ceci dit, le manque de suivi s'ajoute à d'autres difficultés rencontrées par ces agences. A titre d'exemple, sur 4346 emplacements réalisés l'année écoulée, seuls 34 cas ont pu être vérifiés car il faut dire que, véritablement, les agences de l'Anem, structure de solidarité pour certains, manquent de tout: ni moyens de transport, ni téléphone, encore moins de réseau interne d'informations ne sont mis à leurs dispositions pour harmoniser et faciliter leur tâche. Vraisemblablement, le bon fonctionnement pourrait se concrétiser par la création de structures spécialisées dans le domaine au niveau de toutes les communes, en les dotant de moyens adéquats et les assistant globalement par la mise en place de capacité en ressources humaines au niveau local. Enfin, les autorités locales, la commune et la wilaya, sont interpellées pour mettre la main à la caisse car leurs aides seraient salutaires pour le bon fonctionnement des agences. Aussi, de l'avis du chef de l'agence, pour qu'il y ait un minimum de moyens à notre disposition, le rapprochement avec le public, à travers l'affichage massif et les portes ouvertes sur le rôle et le fonctionnement des agences, est possible.