Très attendue des deux côtés de la Méditerranée, la visite du président Abdelmadjid Tebboune en France, dont la date n'a pas été fixée officiellement, serait reportée, selon Le Figaro. Le média français qui cite des sources «françaises et algériennes», affirme que «le déplacement prévu les 2 et 3 mai a été reporté d'un commun accord». Et qu'aucune nouvelle date n'a encore été fixée pour cette rencontre importante. Cependant, les raisons de ce report n'ont pas été précisées par les parties concernées. À cela, les fins connaisseurs du dossier algéro-français évoquent deux hypothèses pour expliquer ce rebondissement inattendu. La première est que le report est dû à des «impératifs d'agenda». Ces observateurs relèvent un manque de préparation des dossiers, d'où avancent-ils, que les deux parties ont souhaité disposer de plus de temps pour préparer cette visite. Des sources diplomatiques rapportent que cette hypothèse du report a été soulevée lors de la rencontre, le 16 avril, à Alger, entre le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, avec son homologue française Anne-Marie Descôtes. Mais, selon les mêmes sources, le sort de cette visite a été scellé lors de l'échange téléphonique, le 17 avril dernier, entre le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, et son homologue française Catherine Colonna. Au cours de cet échange, le deuxième entre les deux diplomates,ils auraient convenu d'un commun accord de reporter sa visite à une date ultérieure car, «les livrables» ne sont pas suffisants. En d'autres termes, «les deux parties n'avaient pas d'annonces substantielles à faire (initiatives conjointes, gros contrats...), à l'issue de la visite, pour justifier sa tenue début mai», concluent les mêmes sources. La deuxième explication justifiant ce report, et c'est la plus plausible, tient à la situation interne qui règne en France. La perspective des manifestations du 1er mai, la veille de l'arrivée du président Tebboune à Paris, inquiète particulièrement l'Elysée, dans le contexte tendu de la réforme des retraites. L'intervention télévisée du président Macron, il y a trois jours, après la promulgation de la loi sur la réforme des retraites, n'a pas calmé les esprits. Très remontés, les syndicats français n'entendent pas abandonner leur combat, et l'intersyndicale appelle les salariés à faire de cette date une «journée de mobilisation exceptionnelle et populaire contre la réforme des retraites et pour la justice sociale». Le spectre de troubles n'est pas écarté et un climat de peur règne actuellement en France où l'on redoute des dérapages. L'Elysée ne voulant pas compromettre cette visite qui s'annonçait historique de par sa symbolique et de la qualité sensible des dossiers à traiter, aurait exprimé son souhait de reporter ce rendez-vous.Ce n'est pas le premier report auquel a été contraint l'Elysée. Pour sa première sortie à l'étranger, le roi d'Angleterre,Charles III, qui devait se rendre en France du 26 et 29 mars derniers a du annuler son voyage en raison des manifestations contre la réforme des retraites. La visite de Tebboune annoncée en janvier dernier a failli être compromise après la crise diplomatique, mais a fini par être officialisée depuis l'entretien téléphonique, du 24 mars, entre les présidents, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron qui ont apaisé les tensions.