Des échos de tirs, le vacarme des chars et les bruits de bottes claquent dans les rues dévastées de la capitale Khartoum. Le Soudan est au bord du précipice. Deux seigneurs de guerre s'affrontent à mort dans ce pays. Que nous cache-t-on au Soudan? Pourquoi la communauté internationale est-elle si avare en initiatives et en moyens de pression pour contraindre les belligérants à s'asseoir à la table des négociations? Quelles sont les forces en présence sur le terrain? D'où tirent-elles cette puissance de feu? Sur cette situation chaotique qui règne au Soudan, nous détenons des informations exclusives. Depuis le 15 avril, deux forces militaires s'affrontent sans merci. À la tête de l'armée régulière soudanaise Abdel Fattah al-Burhane, chef d'Etat qui s'oppose à son ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo surnommé «Hametti», chef des Forces de soutien rapides (FSR), une formation paramilitaire qui devait être intégrée par l'armée. À la suite d'un accord cadre conclu en décembre 2022 sous l'égide de l'ONU et de l'Union africaine, le général Al-Burhane a exigé l'intégration des FSR, ce que refuse Hametti. Selon nos sources, environ 100 000 soldats composent les Forces de soutien rapide (FSR) dont 50% sont des mercenaires maliens, tchadiens et centre-africains. Au plan logistique, nos sources rapportent que les FSR disposent de 125 blindés (BTR), de 10 000 véhicules de marque Land Cruiser. Faisant la main basse sur les gisements aurifères dont le Soudan est le troisième producteur mondial de ce métal précieux, les FSR ont des revenus estimés à 14 milliards de dollars. Forts de cette manne financière, ils envisagent d'acquérir des avions de chasse. Selon les mêmes sources, il y a actuellement 65 pilotes qui s'entraînent en Ethiopie. Le soutien de l'Ethiopie est intéressé car cette dernière craint que l'Egypte n'installe une base aérienne au nord du pays pour mener des frappes. En plus de l'Ethiopie, les FSR disposent également du soutien logistique saoudien et émirati pour leur participation aux opérations de guerre contre le Yémen. Les Emirats assurent les transmissions et communications ainsi que la coordination au profit des FSR pour qui ils ont créé un bureau de soutien à leurs opérations. Deux des chars livrés aux FSR par les Emirats ont été saisis par l'armée régulière soudanaise. Au plan interne, le général Hametti n'est pas isolé puisqu'il compte sur le soutien de l'opposition politique des Forces de liberté et de changement, adoptant l'approche occidentale et celle des USA, de la Grande-Bretagne, des Emirats et de l'Arabie saoudite. Sur le terrain des opérations, nos sources indiquent que les forces régulières soudanaises dominent la capitale, alors que les unités FSR les villes limitrophes. La situation à Khartoum sera davantage maîtrisée par l'Armée régulière dans les prochains jours, soulignent les mêmes sources relevant que les FSR demeurent désorganisées et n'obéissent pas à une hiérarchie militaire. Dépassés, les pays arabes et la communauté internationale ne sont plus à la manoeuvre, alors que les affrontements ont déjà fait 459 morts et 4 072 blessés. Dès les premiers jours de ce conflit, le président Abdelmadjid Tebboune, et actuel président du Sommet arabe, a adressé une lettre au secrétaire général des Nations unies, à l'actuel président de l'Union africaine et au secrétaire exécutif du gouvernement Autorité pour le développement (Igad). Le chef de l'Etat entend à travers ses missives obtenir «un effort conjoint et uni pour arrêter les combats au Soudan». Au -devant de la scène régionale, la diplomatie algérienne est montée au créneau pour éviter au Soudan le même sort que celui réservé à la Libye, un pays jeté dans les bras impitoyables de l'ingérence internationale. Les signes d'une guerre par procuration se font de plus en plus probants. Nos sources rapportent que quatre jours avant le déclenchement des combats à Khartoum, le général Hametti a reçu une délégation de 32 personnes conduite par Sedik Haftar, fils de Khalifa Haftar un autre seigneur de la guerre en Libye...