1er mai: jour j pour les prix du pétrole. C'est, en effet, demain que la baisse de la production décidée par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires entrera en vigueur. Des coupes surprises avaient été annoncées la veille de la 48ème réunion par visioconférence du Comité ministériel conjoint de suivi (Jmmc), tenue le 3 avril. En effet, alors que tous les pronostics convergeaient unanimement vers une reconduction de la baisse de production de l'Opep+ de 2 millions de barils/jour décidée le 5 octobre 2022 plusieurs pays de l'Opep, dont l'Algérie, annonçaient une réduction volontaire de leurs quotas. Le bal a été ouvert par l'Algérie qui a annoncé qu'elle procèdera à une réduction volontaire de 48000 barils par jour, de mai à fin 2023, en coordination avec certains pays membres de l'Opep et non membres de l'Opep. Riyadh, Abou Dhabi et le Koweït ont de leur côté fait part de leur décision de réduire leur production d'un total de 772000 barils par jour (bpj) dès le mois prochain et ce, jusqu'à la fin de l'année, dans des communiqués publiés par leurs médias officiels respectifs. L'Opep+ retirera au total 1,16 million de b/j du marché à partir de demain et ce jusqu'à la fin de l'année 2023. Sans exclure d'autres coupes dans le cas où les cours venaient à plonger. Les 13 pays de l'Opep et leurs 10 alliés, hors cartel, dont la Russie ayant signifié qu'ils ne se contenteraient pas d'un niveau bas du baril. Sous les 80 dollars. L'entrée effective de la coupe de l'Opep+ semble constituer un excellent détonateur pour les maintenir au-delà de ce seuil. Cela s'est vérifié le dernier jour de cotation des prix de la semaine qui s'est achevée le 28 avril. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en juin, dont c'était le dernier jour de cotation qui avait accusé deux séances de baisse significatives (mardi et mercredi), s'est apprécié de 2, 11 dollars pour terminer à 80,33 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, progressait de son côté de 2,02 dollars pour finir à 76, 78 dollars. «Les réductions de production d'un million de barils par jour de l'Opep se mettent en place lundi (1er mai Ndlr)», ce qui est haussier pour les cours a rappelé Bob Yawger, analyste pour Mizuho USA. Il faut savoir qu'avant ce rebond notoire la situation n'était pas toute rose pour l'or noir. Les choses avaient commencé à se gâter mardi, le baril de Brent de la mer du Nord avait reculé de 2,36% pour clôturer à 80,77 dollars alors que son équivalent américain, le West Texas intermediate, a abandonné 2,14% à 77,07 dollars. Pour les deux références, les prix sont tombés à leur plus bas niveau depuis fin mars. Que s'est-il passé? «L'humeur est à l'aversion au risque et tout le monde se met à vendre», des matières premières aux actions, a commenté John Kilduff, d'Again Capital. le mouvement a été encouragé par les données macroéconomiques américaines du jour, qui ont montré une accélération surprise des ventes de logements neufs ainsi qu'une hausse du prix moyen, a souligné l'analyste «Ces chiffres sont suffisamment solides pour conforter la Fed (banque centrale américaine) dans l'idée de relever son taux directeur encore une fois au moins», lors de sa réunion des 2 et 3 mai, a-t-il précisé. «Les craintes d'un ralentissement de la demande, en partie lié au resserrement monétaire en cours, refont surface, particulièrement aux Etats-Unis, première économie mondiale», a renchéri Susannah Streeter, d'Hargreaves Lansdown. Le coup de grâce a été donné mercredi malgré une baisse plus forte qu'attendue des stocks américains et un rebond de la demande. Le Brent a dévissé de 3,80% pour finir à 77,69 dollars. Le WTI a perdu 3,59%, à 74,30 dollars. Les experts livrent leur constat. «Les données étaient de nature à soutenir les cours, mais le marché les a balayées. Les inquiétudes quant à la conjoncture emportent tout. Le fait que le marché n'ait pas réussi à garder l'élan après les coupes de l'Opep est une déconvenue majeure.» a noté Bill O 'Grady, de Confluence Investment. La seconde remarque de l'analyste a été démentie. Les cours allaient rebondir sous l'effet des coupes de l'Opep, 72 heures avant leur entrée en vigueur. L'élan sera t-il poursuivi? réponse demain.