Une éventualité qui a propulsé, hier, le baril de Brent, référence du pétrole algérien, au-dessus de la barre des 90 dollars. C'est par ailleurs le jour J. Celui qui mettra fin aux spéculations, à la descente aux enfers des prix du pétrole entamée depuis quelques semaines déjà. L'Opep+ décidera de la baisse de sa production, aujourd'hui, à Vienne, en Autriche au siège de l'Opep. Elle sera en principe «importante». L'option d'une réduction de plus d'un million de barils par jour sera sur la table des discussions, ont confié différentes sources du cartel. L'on se dirige vraisemblablement vers une baisse de grande ampleur, la plus importante depuis le début de la pandémie de Covid-19, qui doit booster des prix du pétrole à la peine depuis un bon bout de temps. Les prix du Brent et du WTI américain ont baissé de 27% depuis début juin. Cette courbe baissière sera-t-elle inversée? Le déclic tant attendu par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole à leur tête, leur chef de file, et ses alliés hors cartel emmenés par la Russie aura-t-il lieu? Si l'on se fie à la situation actuelle du marché on peut dire que les cours de l'or noir ont réellement repris des couleurs. Le baril a en effet entamé la semaine qui a débuté lundi sur les chapeaux de roues. Le Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a gagné 4,36%, pour clôturer à 88,86 dollars. Le West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en novembre, a lui pris 5,20%, à 83,63 dollars, au plus haut en clôture depuis deux semaines. Un rebond qui s'est prolongé hier. Vers 14h45 le Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, a progressé de 2,38 dollars, pour s'afficher à 91,25 dollars tandis que le pétrole américain s'échangeait à 85,86 dollars enregistrant un gain de 2,23 par rapport à la veille. «Les rumeurs selon lesquelles l'Opep+ va discuter d'une réduction de production supérieure au million de baril (par jour) attendu (...) a fait monter les cours», a indiqué, dans une note, Bart Melek, de TD Securities. Les spécialistes n'excluent pas qu'elle soit supérieure. «Il y a des attentes fortes qu'ils annoncent la plus importante réduction de production depuis le début de la pandémie», a renchéri Edward Moya, d'Oanda. «L'Opep+ avait signalé sa volonté de limiter sa production lors de sa dernière réunion et les prix ont quand même baissé, donc amoindrir encore l'offre sur le marché est important pour que le groupe garde sa crédibilité», a rappelé Stephen Innes, analyste chez SPI AM. L'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, avait averti dans un premier temps. «L'Opep+ avait les moyens de réduire à tout moment sa production pour faire face aux défis d'un marché pétrolier tombé dans un cercle vicieux de faible liquidité et de volatilité extrême», avait déclaré le ministre saoudien de l'Energie, Abdelaziz ben Salmane, dans une interview accordée à Bloomberg, répercutée par l'Agence de presse saoudienne SPA. Un avertissement réitéré par les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, dont la Russie, lors de leur dernière réunion qui s'est tenue, le 5 septembre dernier, en visioconférence, soulignant qu'ils laissaient la porte ouverte à de nouvelles discussions, avant la rencontre d'aujourd'hui. Les 13 pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs 10 alliés hors cartel, dont la Russie, avaient décidé de baisser leur production pétrolière globale, en octobre, de 100 000 barils/jour. Une première depuis la mise en oeuvre d'un plan d'augmentation graduelle qu'ils ont conçu lors de leur 16e sommet ministériel qui s'est déroulé le 1er avril 2021. L'Opep et ses partenaires avaient décidé de mettre 350 000 barils par jour sur le marché, en mai et juin, 441 000 à partir du 1er juillet puis 400 000 par jour en août et en septembre, avant de passer à 432 000 barils/jour en juin 2022, puis 648 000 barils/jour en juillet et août puis à peine 100 000 par jour, en septembre. Une stratégie qui a fait son temps. L'Opep+ doit changer de fusil d'épaule...