La donne vient-elle de changer? Le baril donne l'impression de vouloir s'enflammer, après s'être «éteint» ces dernières semaines. Les cours de l'or noir, que l'on croyait irréversiblement en déclin, viennent, en effet, de se ressaisir de manière spectaculaire. Après être retombés à leur plus bas niveau, lundi, en cours d'échanges, ils ont réussi à limiter leurs pertes de façon significative en fin de séance. Le prix du baril de la mer du Nord, pour livraison en janvier, n'a cédé que 0,52%, clôturant à 83,19 dollars, après avoir abandonné jusqu'à 3,61% plus tôt. Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, également avec échéance en janvier, il a, lui, gagné 1,25%, à 77,24 dollars. La séance avait mal débuté pour les deux références phares du marché pétrolier, l'indication américaine chutant à son plus bas niveau de l'année, à 73,60 dollars, une première depuis fin décembre 2021. Le baril de Brent s'est, pour sa part, replié de façon conséquente. La résurrection allait cependant battre son plein le lendemain. Hier,à 14h00, heure algérienne, le baril de Brent, pour livraison en janvier, progressait de 2,33 dollars afin de s'afficher à 85,52 dollars, tandis qu'à 14h45, le pétrole américain, pour la même échéance, s'échangeait à 78,73 dollars, soit 1,49 dollar de plus que la veille. Ce déclic repose sur une information de taille qui a joué le rôle d'électrochoc. La tendance du marché s'est inversée avec le retentissement d'échos faisant état d'une possible réduction supplémentaire de la production du groupe Opep+ lors de sa réunion du 4 décembre. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses 10 alliés hors Opep, dont la Russie, se dirigeraient vers une baisse de leur production, de plus de deux millions de barils par jour. Les experts donnent l' «alerte». Si le prix du Brent tombe sous 80 dollars durant une période prolongée, d'ici au rassemblement du cartel, «les principaux responsables de l'Opep+ pourraient plaider pour une nouvelle baisse de production afin de stopper la chute», indiquent les analystes du cabinet Eurasia Group. «Avec les hausses des taux d'intérêts à travers l'Occident et le probable manque de croissance soutenue début 2023, il existe un risque de voir la demande moins élevée que prévu, ce qui signifie que l'Opep pourrait devoir s'ajuster», a renchéri Bart Melek, de TD Securites. Une éventualité qui était déjà clairement évoquée par le ministre saoudien de l'énergie. «La réduction actuelle de deux millions de barils par jour, par l'Opep+, reste en vigueur jusqu'à fin 2023. S'il est nécessaire de prendre des mesures, comme réduire la production afin d'équilibrer l'offre et la demande, nous sommes toujours prêts à intervenir», avait souligné le prince Abdel Aziz ben Salmane. Tout porte à croire que cette option sera retenue le 4 décembre prochain, à l'occasion de la tenue de la réunion mensuelle de l'Opep+, pour donner plus de vigueur aux cours de l'or noir. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, qui avait frôlé les 140 dollars le 7 mars 2022, non loin de son record absolu de juillet 2008, où il avait dépassé les 147 dollars a, en effet, cédé, jusqu'à hier, quelque 55 dollars. Il faut rappeler aussi que l'Opep et ses partenaires, qui avaient décidé de mettre 350000 barils par jour sur le marché, en mai et juin, 441000 à partir du 1er juillet, puis 400000 par jour en août et en septembre, avant de passer à 432000 barils/jour en juin 2022, puis 648000 barils/jour en juillet et août, à peine 100000 par jour, en septembre, ont finalement baissé leur production de deux millions de barils par jour, le 5 octobre dernier. Une stratégie qui s'est imposée, avec une demande mondiale qui s'annonce moins robuste en cette fin d'année et pour 2023, avec pour conséquence un net recul des cours de l'or noir. Aux grands maux les grands remèdes. Une devise que l'Opep+ a fait sienne.