Plus qu'un écrivain, Mohammed Dib, qui nous a quittés le 2 mai 2003, est un véritable mythe. Certes, sa trilogie algérienne demeure son oeuvre de référence et la plus connue, mais il n'en demeure pas moins que Mohammed Dib a écrit des dizaines d'autres romans dont la qualité lui permet d'être un auteur majeur de notre littérature. Auteur unique de par la diversité de son oeuvre ainsi que par celle de son style d'écriture, Mohammed Dib a fait preuve d'une constance phénoménale dans le domaine de l'écriture romanesque puisque tout au long de sa vie, son inspiration n'a jamais tari. Il n'a pas cessé d'abreuver ses lecteurs par des romans et des recueils de nouvelles où l'innovation littéraire a été continuellement au rendez-vous grâce à son génie littéraire inépuisable et sans pareil. Dib a pratiqué et surfé avec brio sur tous les genres littéraires: le roman, la nouvelle, l'essai, le théâtre, la poésie et le conte. Les éditions Barzakh d'Alger viennent d'ailleurs de publier un coffret regroupant ses différents contes, coïncidant avec le vingtième anniversaire de son décès. La même maison d'édition a également été derrière la publication des trois romans phares de Mohammed Dib, à savoir La grande maison, L'incendie et Le métier à tisser. Ces trois oeuvres ont été publiés sous format unique avec l'intitulé La trilogie algérienne. Un choix de titre des plus judicieux et reflétant parfaitement le contenu de ces trois livres qui demeurent une référence incontournable de la littérature algérienne. Plus encore, il s'agit de classiques de la littérature algérienne. Une bonne partie des autres romans de Mohammed Dib ont été également réédités en Algérie par des éditeurs nationaux notamment par les maisons d'éditions Dahleb, Hibr, etc. Son oeuvre, articulée en une trentaine de livres, principalement des romans, a été également traduite en une vingtaine de langues. De La grande maison paru en 1952 au Seuil, l'une des plus prestigieuses maisons d'édition francophone, à Laezza, recueil de nouvelles publié en 2006, à titre posthume, Mohammed Dib a écrit une infinité de chefs d'oeuvre comme Un été africain, considéré par de nombreux critiques et auteurs comme son meilleur roman, L'infante maure, La maitre de chasse, La danse du roi, Le sommeil d'Eve, Les terrasses d'Orsol, etc. Parmi ses recueils de nouvelles, on peut citer le dernier publié de son vivant, à savoir: «Simorgh» ainsi que «L'arbre à dires», «La nuit sauvage»... Un seul de ses livres a été traduit en langue tamazight. Il s'agit de sa pièce de théâtre: «Mille hourras pour une gueuse» paru chez le Seuil en 1980. Concernant les distinctions, la première fois que le Grand Prix de la Francophonie décerné par l'Académie française, a été attribué à un écrivain maghrébin, c'était Dib qui en fut le récipiendaire. Dib a aussi obtenu le prix Fénéon en 1953 pour son premier roman «La Grande maison», le prix René Laporte en 1962 pour le recueil de poésie «Ombre gardienne», le prix de l'Association des Ecrivains de Langue Française en 1977 pour le roman «Habel», et plusieurs prix de l'Académie française pour la poésie ou les romans. Le prix Mallarmé lui a été attribué pour son recueil de poésie «L'Enfant jazz» alors que le Grand Prix du Roman de la Ville de Paris lui a été décerné pour l'ensemble de son oeuvre romanesque. Mohammed Dib a également été lauréat, en 2001, du Prix des Découvreurs de la Ville de Boulogne/Mer en guise de récompense pour l'ensemble de son oeuvre poétique. De ce fait, il est, l'écrivain algérien le plus primé. Depuis 2001, l'association La grande maison de Tlemcen a lancé le prix Mohammed Dib qui récompense depuis, les meilleurs romans en langue française, arabe et amazighe. Aux côtés de Mouloud Feraoun, Mohammed Dib est l'écrivain algérien le plus lu dans notre pays.