Cette intempestive voix recluse...on lui doit bien ça et encore bien plus que ça... La Bibliothèque nationale du Hamma d'Alger, sous la direction de Amine Zaoui, et en collaboration avec des enseignants, professeurs et hommes de lettres, ont voulu rendre hommage à un grand nom de la littérature algérienne d'expression française, Mohamed Dib, en commémoration de l'anniversaire de sa mort survenue en terre d'exil un certain 2 mai 2003. Le père de la célèbre trilogie: L'Incendie, La Grande maison et Le Métier à tisser, oeuvre remarquable et prestigieuse qui reste une référence pour la postérité, a tout de même été, et c'est le moins qu'on puisse dire, un homme de lettres de talent, un symbole fort de résistance mais hélas, très souvent ignoré et toujours relégué au dernier rang... Comme chaque année, et en vue de faire connaître son talent d'écrivain, sa sensibilité de poète, sa délicatesse d'homme de lettres et son constant renouvellement de romancier au fil des années, à une jeunesse qui ignore très souvent cette richesse culturelle que possède l'Algérie, un groupe d'enseignants de littérature française, dont Nadjet Khadda, Afifa Bererhi et Nadia Hafiz, ont voulu, cette année encore -et ce ne sera jamais assez- avec l'aide de Amine Zaoui, rendre hommage à un homme qui a beaucoup donné pour la littérature algérienne mais qui nous a quittés sans avoir la reconnaissance qu'il méritait de son vivant... Romancier de talent: Qui se souvient de la mer, La danse du roi, Dieu en Barbarie, Le Maître de chasse, Les Terrasses d'Orsol, Le Sommeil d'Eve, Habel et bien d'autres; poète à la sensibilité à fleur de peau: Ombre gardienne, Formulaires, Feu beau feu, Le Coeur insulaire; sublime conteur: Baba Fekrane, Le Chat qui boude, etc., Mohamed Dib est, sans conteste, l'une des plus belles plumes algériennes de notre histoire littéraire. Il est, comme le dit si bien Jean Déjeux: «L'écrivain de la précision dans les termes, de la retenue et de la réflexion. L'air qu'il fait entendre sur son clavecin est une musique intérieure qui parle au coeur». Né un 21 juillet 1920 à Tlemcen, dans une famille «bourgeoise mais ruinée», Dib a d'abord écrit des poèmes, fait de la peinture, des maquettes de tapis, des articles de presse, pour après s'intéresser au roman. En 1952, il écrit La Grande maison, premier volet de sa trilogie: qui paraît aux Editions du Seuil, en France. En 1954, l'année du déclenchement de la guerre de Libération, paraissent les deux autres volets: L'Incendie et Le Métier à tisser. Puis, se succédèrent des chef-d'oeuvres qui ont marqué son parcours et qui lui ont valu de nombreux prix littéraires: Prix Fénéon en 1952, Prix de l'Union des écrivains algériens en 1966, Prix de l'Académie de poésie en 1971, Prix de l'Association des écrivains de langue française en 1978, Grand Prix de la francophonie de l'Académie française en 1994, attribué pour la première fois à un écrivain maghrébin, Prix Mallarmé pour son recueil de poèmes L'Enfant-jazz. En 2003, des rumeurs avaient circulé quant à son attribution du Prix Nobel de littérature, sûrement mérité mais hélas pas attribué. Durant cette rencontre organisée pour lui rendre hommage, tour à tour, les intervenants se sont succédé pour rappeler l'homme qu'il était, parler de l'écrivain qui a marqué la postérité et, surtout, faire chacun une interprétation singulière, une lecture particulière pour en faire après une synthèse globale de ce qu'était ce phénomène littéraire appelé Mohamed Dib, au si grand mérite pour la littérature algérienne mais qui reste, néanmoins, peu connu et pas assez exploité...