Le gaz naturel vole quelque peu la vedette au pétrole en ce début de semaine. Deux directions à fortunes diverses pour les deux ressources énergétiques qui constituent l'essentiel des exportations algériennes. Les prix du gaz naturel sont en déclin alors que ceux du pétrole se maintiennent à un niveau plutôt satisfaisant. Hier vers 10h30, heure algérienne, le contrat à terme du TTF néerlandais, bourse virtuelle du gaz, considéré comme la référence européenne, évoluait à 32,91 euros le mégawattheure (MWh), peu après avoir touché les 31,65 euros le MWh, un nouveau plus bas depuis près de deux ans. Il faut savoir que le gaz naturel européen a chuté de près de 57% depuis le début de l'année, mais évolue toujours à des niveaux élevés comparé aux années précédentes. En 2020, le gaz fluctuait autour des 15 euros le MWh. Une détérioration attribuée à la hausse des températures. Ce qui a pour conséquence d'affaiblir la demande. «La demande diminue à mesure que le temps se réchauffe», expliquent les analystes d'Energi Danmark, qui s'attendent à «de nouvelles pertes dans les mois à venir». Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est ce même réchauffement qui pourrait booster les cours. «Une vague de chaleur en Europe ou en Asie pourrait augmenter la demande de gaz pour (la climatisation) et modifier l'évolution», mettent-ils cependant en garde. Une information de taille devrait provoquer l'étincelle si elle s'avérait exacte. Les pays du G7 et de l'Union européenne vont interdire les importations de gaz via les gazoducs russe, citant des sources impliquées dans les négociations actuelles, rapportait dimanche le Financial Times, quotidien économique et financier britannique, considéré comme le quotidien économique de référence en Europe. Il faut se souvenir que le prix du gaz naturel européen a été propulsé à des niveaux extrêmes, proches de son record historique de 345 euros le MWh atteint pour les mêmes raisons lorsque la Russie a fermé ses vannes en 2022 peu après le début du conflit armé russo-ukrainien. Si les informations du Financial Times s'avéraient exactes, ce serait «la première fois que le commerce du gaz par gazoduc est bloqué par les puissances occidentales depuis l'invasion de l'Ukraine», notent les analystes de DNB, qui soulignent cependant qu'il s'agirait là d'une mesure «hautement symbolique». Avant le début du conflit qui l'oppose à l'Ukraine, la Russie fournissait environ 40% des importations de gaz européennes, contre moins de 10% actuellement selon les estimations de DNB. «S'il est peu probable que ces mesures aient des effets immédiats sur les flux de gaz, elles soulignent la détermination profonde de Bruxelles à s'affranchir rapidement, mais douloureusement, de décennies de dépendance à l'égard de l'énergie russe», expliquent les analystes de plus grande banque et entreprise du secteur financier de Norvège. De nouvelles tensions sur le prix du gaz en perspective. On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Elle pourrait valoir son pesant de MWh. Côté pétrole c'est plutôt une certaine accalmie qui prévaut. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en juillet valait 74,56 dollars, hier, à 13h45. Soit 39 cents de plus que la séance précédente. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en juin, progressait de 38 cents de son côté, à 70,42 dollars. La reprise des exportations de l'Irak qui attend encore un «accord final» avec la Turquie avant de pouvoir reprendre les exportations de pétrole du Kurdistan, interrompues depuis plus d'un mois, pourrait changer la donne. Le gouvernement fédéral irakien avait annoncé une reprise des exportations dès le 13 mai, mais les autorités du Kurdistan autonome, dans le nord de l'Irak, ont ensuite tempéré cet optimisme. Un alarmisme côté consommation qui doit être «douché» par le dernier rapport de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole publié le 11 mai. L'Opep prévoit une augmentation de la demande mondiale de pétrole de 2,3 millions de barils par jour en 2023 par rapport à l'année dernière. Suffisant pour éviter une détérioration des prix? À voir...