Il n'a jamais obéi à la logique d'une efficacité administrative. Après l'Indépendance, l'Algérie a conservé le même découpage administratif réalisé par les Français. Ce dernier, édicté dans le sillage du plan de développement de l'Algérie, dit Plan de Constantine, s'est concrétisé par la création de treize départements auxquels viendront s'ajouter en 1961 les deux territoires du Sud élevés au rang des départements des Oasis (Ouargla) et de la Saoura (Béchar). Cette structure administrative a été donc conservée telle qu'elle jusqu'à 1974, date du premier découpage administratif de l'Algérie. Il ressort de cette opération une nouvelle organisation territoriale du pays qui s'est traduite par la création de 31 départements (wilayas). Néanmoins, il se trouve que cette forme d'aménagement du territoire était si lointaine des aspirations de beaucoup parmi les citoyens algériens qui, eux, s'attendaient plutôt à la mise en place des conditions propices à un développement harmonieux et équilibré. De plus, parmi les lacunes soulevées lors de la mise en branle de cette première organisation administrative de l'Algérie officielle, il y a lieu de souligner cette omission des dirigeants de l'époque quant à promouvoir nos villes frontalières au rang de wilayas, et ce dans l'objectif de mettre en valeur l'intérêt de l'Etat pour des villes comme Maghnia, Djanet, Touggourt, Bir El Ater, fortement convoitées par des voisins insatiables. De plus, et même si le découpage de 1974 ne plaisait pas beaucoup aux algériens du fait qu'il ne garantissait guère l'émergence ni d'une économie de gestion ni de cohérence géographique, la population ne pouvait faire part ouvertement de son mécontentement, et ce en raison notamment de la nature du régime qui s'opposait violemment à toute contestation issue de la base citoyenne. En 1984, a eu lieu le second découpage administratif à l'issue duquel le nombre des wilayas est passé de 31 à 48. Cependant, il se trouve que ce second découpage était aussi quelque plus incohérent. L'on croit savoir qu'à l'époque déjà, des voix se sont élevées dans la clandestinité pour qualifier ce découpage comme étant une sorte de passe-droit pour satisfaire certains caciques du pouvoir en mal de leadership. En effet, il était étonnant de voir qu'à l'issue de ce découpage une petite ville comme celle de Naâma (moins de 2000 habitants) a pu être promue au rang de wilaya alors que la localité de Bousaâda où étaient recensés plus de 100.000 habitants n'a pu accéder à ce statut. A vrai dire, lors du découpage de 1984, le statut de chef-lieu de wilaya était devenu un argument électoral et un nouveau principe de clientélisme politique. Ainsi, le découpage territorial de l'Algérie indépendante n'a jamais obéi à la logique d'une efficacité administrative et de développement économique et social. Bien au contraire, il a été le plus souvent induit par les rapports de force à l'intérieur des clans dominant le pouvoir politique du pays. Même le découpage, opéré en 1991 sous le gouvernement de Hamrouche, n'échappe pas lui aussi à cette logique. Aujourd'hui, il est vraiment aberrant de constater qu'en 2006 l'Algérie forte, de ces 32 millions d'habitants ne dispose que de 1541 communes et de 13.000 localités. Le président de la République a abordé à maintes reprises cette question cruciale à plus d'un titre, et ce lors des ses différentes visites effectuées à l'intérieur du pays. Autrement dit, l'augmentation des communes et des wilayas se dresse aujourd'hui en tant que revendication incontestable à satisfaire dans l'immédiat. Ce qui permettra, outre de réduire le chômage et d'assurer un développement économique et social, de mieux rapprocher l'administration de l'administré, ce principe qui, jusque-là demeure un slogan vide de sens.