L'Expression: L'Algérie s'apprête à fêter dignement le cinquantenaire du Congrès de la Soummam. Quelle en est la place du mouvement citoyen? Bezza Benmansour: Le mouvement citoyen a décidé d'organiser son université d'été en la dédiant aux artisans du Congrès de la Soummam et de l'ouvrir officiellement la veille de cette date qui a marqué d'une empreinte indélébile l'histoire de l'Algérie en guerre. Nous serons présents en force à Ifri où nous animerons un meeting populaire en compagnie de plusieurs personnalités historiques. Le cinquantenaire du Congrès de la Soummam porte une charge symbolique particulière et intervient dans un contexte politique, qui nous interpelle pour commémorer ce haut rendez-vous de l'histoire avec dignité. Le message d'Ifri, qui a clarifié sans ambages, dans un contexte historique des plus particuliers que la révolution algérienne est une lutte pour la renaissance d'un Etat sous forme d'une République démocratique et sociale et non d'une monarchie et d'une théocratie révolue, doit fédérer nos énergies, inspirer nos projections et nourrir nos actions pour consacrer les idéaux portés et défendus par Abane et tous les héros de la révolution. Des informations de plus en plus persistantes font état de la présence du président de la République à Ifri. Une trentaine d'associations ont signé une pétition dans ce sens. Comment allez-vous réagir? La visite du président de la République à Ouzellaguen, à l'occasion de ce cinquantenaire du congrès, est hautement symbolique et revêt une portée politique indéniable. Le déplacement du chef de l'Etat consacrera la réhabilitation du Congrès de la Soummam et signifie un hommage de la République aux artisans de ce rendez-vous historique qui a organisé la révolution et a posé les jalons d'une Algérie démocratique et sociale. Toutefois, la symbolique protocolaire de la présence du chef de l'Etat doit avoir des implications politiques nécessaires en consacrant la traduction de l'esprit du message d'Ifri dans les lois et les institutions de la République mais également dans les pratiques politiques. Où en sont les rapports entre le mouvement citoyen et les pouvoirs publics, d'autant qu'on entend çà et là que le courant ne passerait plus avec le nouveau chef du gouvernement? L'actuel chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem, a déclaré sans ambages, lors de la dernière rencontre avec la délégation du MC à Alger, son engagement à honorer et à mettre en oeuvre tous les engagements pris par l'Etat dans la cadre du dialogue portant mise en oeuvre de la plate-forme d'El kseur. Sur le plan de la position de principe de l'Etat par rapport au processus de dialogue, il n'y a aucun changement depuis la signature du protocole d'accord, le 15 janvier 2005. Reste maintenant la concrétisation sur le terrain des résultats annoncés lors des différents comités de suivi, l'on peut dire que la mise en oeuvre de la plate-forme connaît un retard indéniable, mais pas seulement depuis la nomination de M.Belkhadem à la tête de l'Exécutif. Le mouvement citoyen attend la signature de l'accord final pour passer au stade du suivi des applications sur le terrain. Quel avenir pour les archs, d'autant que l'université d'été du mouvement citoyen se penchera certainement sur cette question et sur bien d'autres? Le dernier conclave interwilaya a désigné une commission chargée de réflexion sur le devenir du mouvement mais également sur les positions du mouvement face aux échéances électorales à venir. Les premiers axes de cette réflexion seront soumis à débat lors de ce deuxième regroupement national. Mais aucune décision ni position n'est, pour l'heure, arrêtée. l'interwilaya est la seule instance habilitée à engager officiellement le mouvement citoyen sur telle ou telle question. Est-ce à dire que vous vous acheminez vers une nouvelle forme d'organisation? Le caractère horizontal du mouvement citoyen ne saurait être remis en cause. On peut, toutefois, débattre de la possibilité d'assouplir l'organisation pour permettre un fonctionnement plus efficace et une prise de position plus rapide en rapport avec les options arrêtées par l'interwilaya.