Le Mouvement des archs tient sa deuxième université d'été depuis samedi dernier à la cité universitaire des 1000 Lits à Béjaïa dans un contexte politique nouveau pour au moins deux données. La coïncidence avec le cinquantenaire du Congrès de la Soummam est faite pour permettre la jonction entre la plate-forme du 20 août 1956 et celle d'El Kseur, mais non sans rappeler le nostalgique mot d'ordre de « réappropriation populaire des dates historiques » qui a fait que depuis au moins cinq années, Ifri était resté interdit aux officiels. Le 20 août dernier, l'interdiction n'a pas été de mise. Pas moins de trois ministres de la République ont fait le déplacement au lieu de la tenue du Congrès de la Soummam. Cette première nouvelle donne « est une conséquence de l'apaisement auquel a abouti le dialogue », nous explique Bezza Benmansour, dont la conviction de capitaliser les acquis obtenus jusque-là dans le cadre du dialogue avec le gouvernement Ouyahia ne paraît pas entamée. Chez les archs, on ne veut pas voir dans la venue de Belkhadem à la chefferie du gouvernement un obstacle qui obstruerait toute perspective, voire remettrait en cause le processus du dialogue. Le coup de frein donné à celui-ci depuis quelques mois, pesant, n'inquiète pas outre mesure les délégués tant que « l'engagement de l'Etat à satisfaire la plate- forme d'El Kseur n'a jamais été remis en cause depuis la signature de l'accord du 15 janvier 2005 ». « Il n'y a pas blocage, ce qu'il y a c'est que le dialogue continue avec la même lenteur qui lui est imposée », estime notre interlocuteur convaincu que le dialogue « n'est pas des prérogatives du chef du gouvernement qui ne fait que le conduire ». L'assurance, les délégués du mouvement croient la puiser dans la « promesse donnée » par l'actuel chef du gouvernement « d'honorer les engagements pris par son prédécesseur ». Belkhadem qui préside le nouveau comité gouvernement-archs se serait ainsi, selon notre interlocuteur, engagé à rédiger le document final sur ce qui a été conclu sans les points qui sont demeurés en suspens, notamment la question de l'officialisation de tamazight, qu'il n'est apparemment pas disposé à satisfaire, du moins à court terme. Pour les délégués, le retard dans la mise en œuvre des accords conclus est « injustifié et injustifiable ». Autant d'approximations à cerner la question que d'inquiétudes plus ou moins tues chez les animateurs du Mouvement des archs. C'est dans ce contexte qu'il est souligné « la nécessité du rassemblement des forces démocratiques pour ériger un rempart citoyen contre les dérives totalitaire et islamiste ». Les archs s'invitent dans le débat autour de la prochaine nouvelle Constitution qui constitue l'autre nouvelle donnée qui caractérise le contexte durant lequel se tient ce deuxième regroupement national du mouvement. « Il s'agit également de peser sur les événements pour que la prochaine révision constitutionnelle puisse se conformer à la réalité socioculturelle du pays », a déclaré M. Benmansour, en tant que président du comité d'organisation de l'université d'été qui a réuni, selon lui, près de 1500 participants représentant une quinzaine de wilayas et à laquelle ont été invités Osmane Redouane du CLA, S. Hireche (linguiste), Ould Ali El Hadi, Brahim Tazaghart et aussi Mohamed Benchicou qui a présenté, hier, une communication sur la liberté de la presse et venu saluer le combat du mouvement.