De Vladimir Poutine à Joe Biden en passant par la Chine, la victoire d'Erdogan a été saluée comme il se doit partout dans le monde, au terme d'une élection présidentielle agitée par des sondages plutôt défavorables au président sortant. Le président russe qui a nettement resserré les liens avec son homologue turc depuis ces deux dernières années, tant dans le cadre du processus d'Astana autour de la situation en Syrie que dans celui, plus récent, du conflit en Ukraine, a considéré que la victoire d' Erdogan est «le résultat logique d'un travail dévoué» au profit de la Turquie et une «preuve évidente» du soutien de la majorité du peuple turc à sa politique. Poutine a ainsi apprécié les «efforts» consentis par Erdogan «pour renforcer la souveraineté de l'Etat et mener une politique étrangère indépendante». Tout en étant un membre crucial de l'Otan, la Turquie a un rôle influent dans plusieurs zones stratégiques, notamment en Syrie et en Ukraine où elle s'impose comme un médiateur efficace pour les exportations de céréales. De son côté, le président américain Joe Biden n'a pas manqué d'assurer Erdogan de son souhait de «continuer à travailler ensemble en tant qu'alliés au sein de l'Otan sur des questions bilatérales et des défis mondiaux» tandis que son secrétaire d'Etat Antony Blinken a tenu à assurer de sa «hâte de continuer à travailler avec le gouvernement choisi par le peuple turc». Idem pour le Premier ministre britannique Rishi Sunak qui a, lui aussi, «hâte de poursuivre l'étroite collaboration» entre le Royaume-Uni et la Turquie. Toute cette pluie de félicitations montre à quel point la réélection d'Erdogan sonne comme un coup de tonnerre dans un contexte de prévisions contraires, les alliés occidentaux étant persuadés durant depuis plusieurs mois que leur allié encombrant allait mordre la poussière face au rival socio-démocrate dont ils pressentaient qu'il serait plus facile à gérer que le chef islamo-conservateur d'une Turquie revenue de ses illusions quant à l'adhésion à l'Union européenne. Ainsi que l'a exprimé le président français Emmanuel Macron, la Turquie a un rôle prépondérant en matière de «retour de la paix en Europe, l'avenir de notre Alliance euro-atlantique, la mer Méditerranée». Quant à l'Allemagne et à son chancelier Olaf Scholz, le voeu est de «donner un nouvel élan» aux relations bilatérales, souvent chahutées par des sujets clivants comme les migrants et la communauté turque immigrée. Circonstance oblige, Scholz a mis l'accent sur leur condition de «partenaires étroits et alliés» tout en insistant sur le fait que «leurs populations et leurs économies sont profondément entremêlées». Le Premier ministre indien Narendra Modi et les dirigeants des Etats membres du CCG ont également félicité le président turc dont la présence sur la scène internationale s'en trouve davantage confortée.