Nous devons reconnaître que la plupart des dirigeants des Etats islamiques ne vivent que pour eux-mêmes. Au moment où l'Islam impose -et de manière radicale- que celui qui se voit investi de la charge de gérer les affaires de la Nation soit à l'image même de cette Nation, c'est-à-dire conforme aux normes que celle-ci instaure comme référence pour toute personne en faisant partie et, a fortiori, pour toute personne candidate à une charge publique; à savoir, faire le serment de consacrer sa vie et tout ce dont il dispose, autant matériellement que moralement, pour la faire profiter (i.e.: la Nation) d'autant de bienfaits que possible, la rendre glorieuse et la faire accéder aux rangs les plus honorables parmi les nations, d'une part; et de repousser loin d'elle toute nuisance et toute humiliation, quelle qu'en soit l'origine, d'autre part. Cependant, nous devons reconnaître que la plupart des dirigeants des Etats islamiques ne vivent que pour eux-mêmes, leurs proches parents et leurs velléités mesquines, même si le prix devait en être la rupture totale d'avec leurs peuples et l'allégeance à toute puissance étrangère à même de faire perdurer leur pouvoir formel; car pour autocrates tyranniques qu'ils paraissent, ils ne sont, en réalité que de minables gnomes asservis au doigt et à l'oeil de ladite puissance étrangère. Ceci dit, il reste que la plus damnée des prises de position qui les mit à nu, sur les plans politiques et patriotiques autant que sur le plan purement moral, fut celle qu'ils choisirent de défendre dernièrement quant à ce qui se passe en Palestine et au Liban, à tant de tragédies récurrentes et de crimes impunis dont les répercussions promettent d'être encore plus catastrophiques pour ceux qui préfèrent laisser au temps la tâche de les oblitérer. Le plus lâche et le plus fourbe dans cette prise de position est sans doute leur tentative de couvrir le crime de l'agresseur en faisant des remontrances au Hezbollah quant à la capture des deux soldats israélites, et à Hamas qui, nonobstant sa résistance héroïque en Palestine occupée, serait -selon leurs allégations- d'une politique trop rigide. Par ces déclarations inopinées, ces chefs d'Etats arabes et islamiques prodiguèrent généreusement, au profit des agresseurs sionistes et de leurs protecteurs américains et européens, un argument bâtard se voulant justificatif des crimes inhumains et inouïs jusqu'alors, même au palmarès des plus grands sanguinaires de l'histoire de l'humanité, des Pharaons aux tartares, des nazis aux fascistes, et que seuls pourraient espérer égaler les Etats-Unis d'Amérique lors de leurs performances à Hiroshima et au Viêt-Nam. Signes de la foi et vocation des croyants C'est à cause de tant de paradoxes que nous jugeons utile de passer en revue, avec nos chers lecteurs, quelques textes du Saint Coran et de la Sainte Tradition (Sunna) du Prophète (que les prières et le salut du Seigneur soient sur lui) qui parlent des attributs caractéristiques des croyants, pour savoir à quel point il serait injustifié de qualifier de «croyants» ces leaders des Etats arabes et islamiques. Le premier de ces textes est le verset 10 de la sourate 49 (Al-Houjourât): ((Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu'il vous accorde misèricorde.)). Az-Zamakhcharî affirme dans son commentaire du Saint Coran intitulé «Al-Kachchâf» (le divulgateur) que le sens est: «Les croyants ne peuvent être que des frères». Mohammed Tahar Ben Achour, quant à lui, nous renseigne dans son commentaire du Saint Coran intitulé «At-Tahrîr wa At-Tanwîr» (la Rédaction et l'Illumination): Ce verset comporte une puissante preuve du caractère obligatoire de la fraternité entre Musulmans, car les mots «innamâ» (i.e.: ne sont que) dans la construction de la phrase ne précèdent qu'une affirmation établie que l'interlocuteur ne peut ignorer ni mettre en doute, ou une affirmation qui doit être considérée comme telle; comme l'atteste le Cheikh (il s'agit du grand érudit Abd-Al-Qâher Al-Jorjânî maître incontesté des sciences de la rhétorique arabe, mort en 471 de l'Hégire) dans [son ouvrage intitulé] «Les Preuves du Miracle», chapitre XII, dans lequel il cita bon nombre d'arguments rapportés du Saint Coran et de la tradition orale arabe (les textes arabes de la période antéislamique servant à attester que tel concept était projeté par telle construction rhétorique et que, par analogie, le Saint Coran révélé en la langue des Arabes, par cette même construction rhétorique ne cherchait qu'à parvenir à un concept similaire): ...C'est pour cela que lorsqu'Il dit, loué soit-il, que: «Les croyants ne sont que des frères» il faut entendre qu'il est décidé et qu'il est de notoriété générale que la fraternité soit instaurée parmi eux. Cette affirmation se retrouve dans les circonvolutions de la parole d'Allah (le Saint Coran) et dans celle de son Prophète (Q.P.S.S.S.L.); dont le verset 10 de la sourate 59 (Al-Hachr): ((Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu'à nos frères qui nous ont précédés dans la foi...)). Et la sourate 59 (Al-Hachr) précède cette sourate (la sourate 49 (Al-Houjourât)) dans l'ordre de la révélation puisqu'elle vient en position 102 alors que celle-là n'est qu'en position 108. Lors de son avènement à Médine, le Prophète (Q.P.S.S.S.L.) a établi un lien de fraternité, entre les Mohajirînes (émigrés de la Mecque vers Médine) et les Ansârs (autochtones de Médine); et ce fut là le commencement de la fraternité entre Musulmans. Le Prophète (Q.P.S.S.S.L.) a dit: «Si je devais prendre un confident autre que mon Seigneur, ce serait Abou-Bakr; mais la fraternité de l'Islam est meilleure». (Sic). Y a-t-il dans la position négative, stérile et perfide des chefs d'Etat arabes et islamiques vis-à-vis des tourments et des souffrances de la Palestine et du Liban, quoi que ce soit qui laisse croire qu'ils considèrent les Palestiniens et les Libanais comme leurs frères? En toute honnêteté, je dirais: non! Les croyants sont tel un corps... D'autre part Le Prophète (Q.P.S.S.S.L.) dit, quant à ce que devraient ressentir les croyants les uns envers les autres, dans ce hadîth rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim, d'après An-No'man ibn Bachîr (qu'il soit agréé par Allah: «Les Musulmans par leur attachement, leur tendresse et leur affection les uns envers les autres constituent un seul corps qui, lorsque l'un de ses organes est souffrant, se voit affligé d'insomnie et de fièvre». Y a-t-il dans l'opinion déclarée par les chefs d'Etat arabes et islamiques quant à ce qui se déroule en Palestine et au Liban, quoi que ce soit qui laisse entrevoir de la compassion avec les Palestiniens et les Libanais dans leur souffrance? Je dirais encore: non! Le Prophète (Q.P.S.S.S.L.) dit, quant à ce qui devrait régner entre croyants en matière de solidarité et de complémentarité pratique et effective en toute circonstance, dans ce Hadîth rapporté aussi par Al-Boukhârî et Mouslim, d'après Abou Moussâ Al-Ach'arî (qu'il soit agréé par Allah): «Les Musulmans sont, les uns par rapport aux autres, tel un édifice dont une partie en soutient une autre (et il intercala les doigts d'une main avec ceux de l'autre)». Le grand érudit Cheikh Abd-Al-Hamîd ibn Bâdis -paix à son âme- a affirmé en commentant ce Hadîth («Majâliss At-Tadhkîr min Hadîth Al-Bachîr An-Nadhîr» (les assises de rappel par le Hadîth de «l'auteur de bonnes nouvelles et des avertissements») p.100 que: Cet honorable Hadîth a décidé du sens de l'unité qui devait régner entre tous les individus croyants avec une précision et une netteté marquantes, puisqu'il les assimila à un édifice, ce qui suffirait en soi à confirmer l'unité, pour ensuite développer de manière explicite le caractère à mettre en évidence, en l'occurrence le caractère du soutien; ce qui n'est pas sans attirer l'attention, par le fait de citer son bienfait qui est la solidité pour tout l'édifice, sur la nécessité de cette unité. À la suite de quoi il renforça cette métaphore abstraite par une image bien réelle, lorsqu'il rassembla ses deux mains en un geste évocateur d'unité et de solidité, pour démontrer aux croyants le caractère obligatoire et nécessaire de l'unité. Y a-t-il dans l'opinion déclarée par les chefs d'Etat arabes et islamiques quant aux événements de la Palestine et du Liban, quoi que ce soit qui laisse envisager la présence d'un sentiment d'unité avec les Palestiniens et les Libanais? Je dirais toujours: non! Alors nous sommes en droit de nous interroger au sujet de ces messieurs les chefs des Etats arabes et islamiques qui constatent -nuit et jour- ce que perpètre l'Etat sioniste comme massacres, destruction, terrorisme, dévastation et génocide, contre femmes, enfants et vieillards innocents; appuyé par la puissance infernale des croisés «ensionisés» menés par le voyou des présidents et le président des voyous criminels, le pécheur invétéré Bush. Ces messieurs constatent tout cela sans la moindre riposte, même pacifique -et ce serait la moindre des positions dictées par la foi- ne serait-ce que clamer aux protecteurs de l'agresseur qu'ils sont victimes de ce qui arrive aux Palestiniens et aux Libanais et que par conséquent, ils ne peuvent garder de relations ni économique, ni diplomatique, ni culturelle avec les agresseurs et tous ceux qui s'acharnent à leur assurer soutien et protection contre toute valeur humaine et toute convention internationale. L'attitude de l'honorable et valeureux président vénézuélien Hugo Chavez, qui retira son ambassadeur d'Israël pour son comportement belliqueux et violent, constitue pour eux un exemple qu'ils ne peuvent ignorer. S'ils l'avaient fait, et la possibilité leur en est offerte, cela aurait dissuadé l'agresseur et son protecteur. Mais ne l'ayant pas fait, les populations arabes ne sont-elles pas en droit de se poser cette question: «Sont-ils croyants?»