Le prestigieux quotidien américain, le Wall Street journal, a révélé dans son édition d'hier, l'intention de deux importantes compagnies pétrolières américaines, ExxonMobil et Chevron, d'investir dans le gaz en Algérie. Ces deux géants mondiaux des hydrocarbures constituent une caution très solide pour la planète pétrole. Ils agissent en locomotive des investissements dans toutes les régions où ils ont opéré. Leur puissance financière est telle qu'ils représentent une solide garantie dans toute la chaîne des hydrocarbures. De l'exploration, jusqu'au transport en passant par l'exploitation, les deux compagnies US sont en mesure d'assumer de gigantesques apports financiers. Avec une capitalisation boursière de plus de 411 milliards de dollars pour ExxonMobil et près de 327 milliards de dollars pour Chevron, le pays d'accueil de leurs investissements n'a pas à craindre une quelconque difficulté de trésorerie pour développer des puits d'hydrocarbures. Pour l'Algérie, en l'occurrence, le Wall Street Journal confirme un intérêt des géants américains pour le gaz. Sans préciser les détails des intentions d'ExxonMobil et de Chevron, le quotidien new-yorkais signale cependant le caractère stratégique de cette alliance américano-américaine portée sur l'investissement en Algérie. Il va de soi que la posture de l'Algérie comme l'un des principaux fournisseurs de gaz à l'Europe joue énormément dans le choix des deux géants. La guerre en Ukraine qui a directement ou indirectement conduit au sabotage des gazoducs Nord Stream I et II, reliant la Russie à l'Allemagne, a grandement fragilisé l'Europe sur son flanc énergétique. L'énorme potentiel algérien en gaz s'en est trouvé incontournable. Alger n'a pas perdu de temps pour proposer un partenariat gagnant-gagnant avec l'Europe. Il en est né le projet du gazoduc Algérie-Italie, censé fournir du gaz naturel, de l'ammoniac, de l'électricité solaire et de l'hydrogène vert à l'Europe. L'ambition affichée par Alger consiste à contribuer à hauteur de 10% dans la satisfaction des besoins européens en hydrogène vert. La connexion électrique et le gaz naturel compléteraient un mix énergétique, vital pour le Vieux Continent. L'effort que devra fournir l'Algérie pour répondre à la demande européenne est colossale, tant au plan financier que celui de la production. Le président de la République a évoqué la nécessité de doubler la production pour augmenter au même niveau les exportations vers l'Europe. La barre, fixée à 100 milliards de m3 par an, est peut-être atteignable dans un court et moyen terme, mais cela ne suffira pas à l'Algérie pour devenir incontournable dans le marché européen du gaz. C'est là qu'est censé intervenir le gazoduc Nigeria-Algérie-Europe. Les réserves nigérianes étant plus importantes que celles de l'Algérie, l'apport en énergie sera plus que doublé à moyen terme. Toutes ces voies vers l'Europe doivent être renforcées par un immense effort en exploration et en production de gaz pour garantir un bon fonctionnement de cette machine complexe que l'Algérie est en train de mettre en place. En cela, les apports financier et technologique d'ExxonMobil et de Chevron seront déterminants dans le processus d'alimentation de l'Europe et d'autres régions du monde. La liquéfaction du gaz algérien et nigérian dans des installations postées en Algérie étant une option déjà retenue, l'ambition est de rayonner sur une bonne partie de la planète. D'ailleurs, Sonatrach a récemment vendu du GNL à une compagnie basée en Chine. Mais multiplier ce genre de contrats ne sera pas possible avec le seul effort financier et technique algériens. L'arrivée des deux plus grandes compagnies pétrolières et gazières de la planète apporte une réponse à l'équation énergétique du moment. Leur puissance financière et leur effet attractif sur d'innombrables autres investissements plus ou moins importants, décuplera les capacités de production du pays. Il est entendu que ExxonMobil et Chevron ne viennent pas en Algérie pour aider les Européens à s'alimenter en gaz ou pour booster l'économie gazière en Algérie. Ces deux compagnies ont bien saisi l'importance stratégique de l'Algérie, en cette période précise où la donne géopolitique commande une présence solide et pérenne en Afrique du Nord. Il faut souligner au passage que ces géants américains ne viendront pas en conquérants. Russes et Chinois sollicitent également l'Algérie pour des investissements gaziers.