Les géants pétroliers ExxonMobil et Chevron ont annoncé vendredi de gros bénéfices trimestriels, ce qui a apaisé des marchés inquiets sur l'état de leur production d'hydrocarbures après une première partie de l'année en demi-teinte. ExxonMobil a dégagé un bénéfice net de 6,24 milliards de dollars au troisième trimestre, en hausse de 57,1% sur un an, pour un chiffre d'affaires de 76,61 milliards, en progression de 25,4%. Chevron a pour sa part gagné 4,1 milliards de dollars, un bénéfice plus que doublé sur un an, et affiché des revenus trimestriels de 43,4 milliards, en hausse de 21,5%. C'est un soulagement pour les investisseurs car les résultats des deux entreprises avaient été particulièrement décevants lors de la première moitié de l'année, forçant un grand nombre d'analystes financiers à réviser à la baisse leurs attentes. "Nos solides résultats financiers reflètent une hausse de la production et des prix du brut à laquelle s'ajoute le fait qu'on reste focalisés sur des gains de productivité et d'efficacité", a résumé Michael Wirth, le P-DG de Chevron, cité dans un communiqué. Comme leurs rivaux européens BP et Shell, ExxonMobil et Chevron ont surtout bénéficié cet été d'un contexte de marché très favorable aux majors pétrolières. Le baril de Brent a dépassé en fin de troisième trimestre le seuil des 80 dollars pour évoluer au plus haut depuis 2014, alors que les cours n'étaient qu'à 50 dollars un an plus tôt.
Les actions en profitent Les prix se sont envolés sur fond de tensions géopolitiques et surtout après le rétablissement des sanctions américaines contre l'Iran, faisant craindre un recul de l'offre, laquelle est déjà sous pression en raison des limites de production imposées par l'Opep et ses partenaires, dont la Russie, depuis début 2017. Le rebond des prix a relancé l'activité de "l'amont" (upstream), c'est-à-dire la production et l'exploration. Les profits de l'amont sont par exemple passés chez Chevron, plus sensible à la fluctuation des cours du brut que son rival et compatriote, de 489 millions de dollars au troisième trimestre 2017 à 3,38 milliards sur la même période un an plus tard. A Wall Street, l'action gagnait 3,28% à 114,82 dollars dans les premiers échanges, tandis qu'ExxonMobil prenait 1,52% à 81,86 dollars, après avoir réduit considérablement le nombre de raffineries en maintenance comparé au deuxième trimestre. Le bénéfice opérationnel de cette activité, baptisée "aval" (downstream), en a été dopé, augmentant de 7,2%, alors qu'il avait chuté de 47% au deuxième trimestre. ExxonMobil reste toutefois encore confronté à la baisse de sa production, qui a diminué de 2% sur un an à 3,8 millions de barils équivalent pétrole par jour (mbj). C'est mieux que les attentes qui étaient de 3,72 mbj. "Nous espérons augmenter les volumes sur la durée alors que nous intensifions l'activité dans le bassin permien (Texas, sud des États-Unis) et démarrons de nouveaux gisements", a déclaré le P-DG d'ExxonMobil Darren Woods, qui s'est voulu confiant. La production d'ExxonMobil, obligée notamment de suspendre ses projets en Russie du fait de sanctions américaines, n'a cessé de diminuer lors des derniers trimestres, tombant même au deuxième trimestre à son plus bas niveau depuis la fusion en 1999 entre Exxon et Mobil, à 3,6 mbj. Mais le groupe s'est engagé en mars à forer davantage, promettant d'investir 24 milliards de dollars dans des projets d'exploration cette année, 28 milliards en 2019 et en moyenne 30 milliards par an de 2023 à 2025. L'enveloppe était de 6,59 milliards de dollars au troisième trimestre, en hausse de 10%. Chez Chevron, la production s'est affichée en revanche à son "plus haut niveau trimestriel", à 2,96 millions de barils équivalent pétrole par jour, en hausse de 8,8%, principalement grâce à des gisements en Australie, dans le Nouveau-Mexique aux Etats-Unis et aux réserves de schiste dans le bassin permien (Texas). Outre la production, les marchés redoutent également les risques que représentent pour ExxonMobil des poursuites judiciaires engagées récemment contre l'entreprise par la Procureure de l'Etat de New York. Elle accuse le géant pétrolier d'avoir trompé délibérément les investisseurs sur l'impact qu'ont les nouvelles règlementations environnementales - l'Accord de Paris sur le climat par exemple - sur ses activités.