En sa 2e édition seulement, le Festival de Djemila, à Sétif, est sur les traces du festival de Baâlbek au Liban et de Carthage en Tunisie. Après 10 jours et 10 nuits de chants, de danses, d'émotion et de solidarité, la 2e édition du festival de Djemila de Sétif, organisée en signe de solidarité avec les peuples libanais et palestinien, a baissé rideau dans la soirée de vendredi. C'était une clôture en apothéose. Cela grâce au mégaconcert donné par la vedette irakienne Kadhem Saher. Des centaines de personnes se sont déplacées sur le site antique romain bien avant le début du concert. Elles savaient que ça ne serai pas facile d'arracher le billet d'entrée. Selon les confrères de la presse écrite nationale, il y avait une grande bousculade devant la porte principale. Les services, chargés de l'organisation, ont eu du mal à gérer la grande foule qui s'est déplacée sur le site. Cet engouement des Sétifiens, au concert de la star internationale irakienne, s'explique par le fait que le chanteur est de nationalité irakienne et qu'il est venu chanter le Liban et la Palestine en Algérie. Ces quatre pays ont tous vécu, les trois premiers vivent encore, des moments très difficiles. Donc, la soirée était une occasion pour dénoncer ensemble et avec fermeté les agressions dont ils ont fait l'objet. Cela, sans prendre en considération le nom du chanteur. Kadhem en vedette Kadhem est un artiste de renommée internationale. Il suffit juste de savoir qu'il est diplômé en musique et qu'il interprète les textes du grand poète Nezzar Kebbani, pour savoir de qui s'agit-il. Selon les mêmes témoignages, la soirée d'avant-hier s'est déroulée en parfaite symbiose avec le public. Ce dernier, a appris par coeur les oeu-vres de Kadhem. C'est ce qui a donné naissance à cette harmonie et cette synchronisation entre le public et l'artiste. Aussi, Kadhem est l'artiste arabe le plus proche du coeur des Algériens. Cet état de fait a été même avoué par le chanteur lui-même qui a déclaré: «L'Algérie reste le premier pays arabe le plus proche de mon coeur.» Pour revenir au festival, on a constaté que dix jours durant, des noms célèbres, aussi bien sur le plan national qu'international, ont fait vibrer la scène de l'antique théâtre romain. Le public sétifien a été gratifié par des cocktails de chanson dans les différents styles. Car, pratiquement la quasi-totalité des styles musicaux nationaux ont été présents. Commençant par le raï, l'algérois et le sétifien, en passant par le gnawi pour arriver au kabyle et au chaoui. Aussi, des voix arabes très connues ont donné la réplique aux Sétifiens. Si on essaye d'évaluer ce festival, on trouve que cette activité culturelle, a plus de points positifs que négatifs. En dépit de quelques problèmes d'organisation, le festival a été une réussite sur toute la ligne, car le but principal du festival, qui est la solidarité avec le Liban et la Palestine, est largement atteint. Lors de toutes les soirées organisées, l'ombre du Liban planait au-dessus de tout un chacun. C'étaient des moments pleins d'émotion tant pour les chanteurs que pour l'assistance. L'Algérie a exprimé, à travers ce festival, une fois, sa position de soutien et sa politique de solidarité avec les peuples opprimés. Ce constat est fait du témoignage même des grands artistes libanais, à l'image de Marcel Khalifa, Assi Al Hellani, Diana Haddad, la comédienne syrienne Mouna Ouassef, et encore la star irakienne Kadhem Essaher. Ces derniers ont tous salué, lors des différentes conférences de presse organisées tout au long du festival, le geste de l'Algérie. «Comme je l'ai toujours dit l'Algérie constitue une tri-bune pour les chanteurs arabes afin d'élever leurs voix et d'exprimer leur solidarité», a déclaré Abdelhalim Caracalla, chorégraphe libanais. Le même sentiment a été exprimé par la comédienne égyptienne, Samiha Ayoub qui a souligné: «L'Algérie est connue pour sa résistance et sa solidarité.» Mouna Ouassef a estimé de son côté que «ce n'est pas nouveau pour un peuple qui a donné un million et demi de ses enfants pour arracher sa liberté. L'Algérie a toujours été un symbole de résistance.» C'est dans le même sens que vont tous les au-tres témoignages de Diana Haddad et autres artistes libanais. De son côté, la population sétifienne n' a pas manqué au rendez-vous. A part son absence lors des deux ou trois soirées, à cause de l'affiche des artistes, et entre-temps, méconnus, due aussi à la cherté des billets d'entrée (500DA), le public sétifien a répondu à l'appel de solidarité à travers sa forte présence. Lors de la soirée animée par la vedette algérienne Khaled, le gala s'est déroulé à guichets fermés. Encore, à l'occasion de sa montée sur scène, le lundi dernier, le chanteur libanais Aussi Al Hellani, a fait vibrer les âmes sensibles en interprétant des chansons patriotiques. Notamment lorsqu'il a chanté Samidoune, (Nous résistons toujours). Donc, le pari est gagné, ose-t-on dire, pour les organisateurs. En dépit de quelques lacunes enregistrées, notamment sur le plan de la sécurité, (des journalistes ont été agressés par les agents, «disons», de sécurité), le festival promet de prendre encore dans l'avenir une dimension internationale au sens le plus large du mot. Car, quant on sait que le festival qui n'est qu'à sa 2e édition, a vu la participation de grandes figures artistiques arabes. Déjà, dès sa première édition, des noms très célèbres de la chanson arabe y ont participé, à l'instar de la Libanaise Assala Nasri et Fadel Chaker. Mais la liste, cette année, porte des noms célèbres, citons à titre d'exemple, les Libanais Assi Al Hellani, Marcel Khalifa, Diana Haddad, Kadhem Essaher. Aussi des noms algériens ont donné encore de l'envergure à ce festival comme le king du raï, Khaled, le philosophe kabyle Aït Menguellet et Fella Ababsa. L'occasion était offerte également pour les jeunes chanteurs de côtoyer ces grosses pointures. Dés la soirée d'ouverture, on savait que le festival connaîtrait un succès. Jamais en Algérie, témoignent les organisateurs, un festival culturel n'a eu un écho pareil. Et ce, à travers la présence de plusieurs figures emblématiques de la chanson et du cinéma. Un bon nombre de comédiens et comédiennes ont marqué leur présence, à l'image de M'hamed Benguettaf, Sid-Ali Kouiret, Hakim Dekar, Bahia Rachedi, Antar Hellal, des chanteurs et chanteuses, comme Billal, Fella Ababsa, Hadj Mohamed Tahar Fergani, Mohamed Lamari, ainsi que l'écrivaine Ahlam Mostghanemi. A s'en tenir aux déclarations des autorités locales, le festival de Djemila, dans sa deuxième édition, a eu un impact médiatique international. Car, en plus de la présence en masse de la presse algérienne, des chaînes de télévisions étrangères ont beaucoup parlé du festival. Les médias en masse S'agissant de l'absence de la vedette marocaine Abdelwaheb Doukali, qui a annulé sa venue à la dernière minute, les observateurs estiment que Doukali n'a jamais défendu une cause dans ses chansons. Autrement dit, son nom ne figure pas dans la liste des chanteurs arabes engagés. A titre illustratif, il y a quelques années, ce même artiste a décliné l'invitation du journal El Moudjahid, qui l'avait l'invité avec le défunt El Hachemi Guerrouabi, à animer un débat sur la chanson engagée. Donc, c'est dans ce contexte que s'explique la non-présence de Doukali dans cette deuxième édition. En outre, les chanteurs algériens de renommée internationale, sont appelés, eux aussi, à être la locomotive de ce festival afin de lui donner une dimension universelle, comme l'est aujourd'hui le festival de Baâlbek au Liban, de Carthage et de Tabarka en Tunisie. Dans ce sens, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a exprimé son ras-le-bol contre cheb Mami qui a refusé, apprend-on, d'y participer. Enfin, avec un peu plus de moyens et de stratégie, Djemila fera parler d'elle, à l'instar des autres festivals internationaux, à condition que le ministère de la Culture, l'Onci (Office national de la culture et de l'information), les autorités locales de Sétif, tirent les leçons quant aux défections enregistrées cette année, pour assurer une meilleure organisation lors de la prochaine édition.