Nos hommes politiques restent aux antipodes de leurs propres revendications. Outre la violence et le manque de transparence, le phénomène de la dissidence, est l'un des traits les plus saillants du paysage politique national. Aucun parti ou presque, n'a été épargné de ce fait. Les tendances séparatistes et les mouvements de redressement au sein des formations politiques, sont devenus le moyen le plus sûr et le plus rapide pour accéder et/ou préserver des postes de responsabilité dans les différents appareils et rouages de l'Etat. Le cas du plus vieux parti de l'opposition en Algérie, est le plus explicatif. Le FFS, est en effet, le parti le plus touché par ces mouvements de changement de camp. A commencer par la sécession de Saïd Saâdi et de son groupe qui a donné naissance au RCD. Puis de la dissidence de Naït Djoudi Hachemi, qui a été récompensé par un portefeuille ministériel, à l'ère du gouvernement Ghozali. Le même parti, a vu le départ de Azziz Derrouaz, devenu par la suite ministre de la Jeunesse et des Sports et celui de Abdeslam Ali Rachdi qui a crée son propre parti, l'Itinéraire démocratique et social (IDS). Cela, en plus de la scission de Saïd Khelil, considéré comme une véritable hémorragie de cadres. La liste des cadres ayant changé de fusil d'épaule, est encore très longue dans la formation de Hocine Aït Ahmed. Le parti dissous, le FIS en l'occurrence, n'a pas échappé à cette règle, puisque MM.Merani, Saïd Guechi et Sassi Lamouri, ont déserté les rangs de la mouvance intégriste. Les dissidents ont eu droit, eux aussi, à des portefeuilles ministériels. L'autre parti qui a fait l'objet de plusieurs départs de ses cadres, n'est autre que la formation Nahda. Les meneurs du putsch contre Abdellah Djaballah, ont été tous gratifiés. M.Lahbib Adami, est désigné comme ambassadeur et l'autre Abdelwahab Derbal, occupe actuellement le poste de représentant de la Ligue arabe à Bruxelles. Mohamed Boughazi, quant à lui, a été nommé conseiller à la présidence de la République. La plus surprenante des dissensions, est sans doute celle de Noureddine Boukrouh, l'ancien leader du PRA, le Parti du renouveau algérien. La singularité du cas Boukrouh réside dans le fait qu'elle soit la seule dissidence, qui a été menée par un chef de parti en vue d'obtenir un département ministériel. Le parti du rassemblement pour la culture et la démocratie RCD, a connu, lui aussi, des départs d'une importance capitale, à l'exemple de la démission de Mme. Khalida Toumi, l'actuelle ministre de la culture et le départ de Amara BenYounes et de Hamid Lounaouci, l'actuel chef du parti UDR (non agréé). La formation du Dr Saâdi, a échappé de justesse à une fatale dégringolade, ces moments là, étant donné la stature des personnalités ayant claqué la porte. Il est vrai, d'ailleurs que les partants, ont tous occupé des postes-clés au sein du parti et même dans le gouvernement. Du côté des partis dits nationalistes, le spectaculaire exode des cadres et militants du FLN, vers le RND juste après sa naissance en 1994, est incontestablement, le revirement politique le plus massif qu'a connu l'histoire du pays. Le FLN, passe pour le parti qui a fait l'objet du plus grand nombre de putschs. Lesquels putschs qui se font, faut-il le signaler, avec une douceur exemplaire. Le remplacement de Mehri par Benhamouda, à la tete de ce parti est la meilleure illustration de cette réalité, confirmée par le dernier redressement en date au sein du doyen. Cet épisode marqué par le déclin, légèrement violent, de Benflis. Bien qu'elles se réclament de démocratie, de transparence, de justice et autres idéaux, les pratiques de la classe politique algérienne, restent aux antipodes de leurs propres revendications. Les mouvements de dissension et les revirements si fréquents au sein de nos partis politiques, même si certains sont justifiés par des motifs idéologiques, confirment que la seule règle en vigueur chez la majeure partie de nos politiciens se résume à suivre le puissant du moment. Cela, en jetant aux oubliettes, le plus infime des principes de l'éthique politique.