La crise au sein du FLN n'a pas encore connu son épilogue. L'appel de la dissidence du mouvement de redressement à un dialogue « franc et transparent », lancé la semaine dernière à l'adresse de Abdelaziz Belkhadem, coordinateur national du parti, ne semble pas avoir reçu l'écho souhaité par les initiateurs. En dépit de la persistance de ces « dissidents », M. Belkhadem n'a pas réagi à leur requête. « Rien. Aucune suite n'a été donnée à notre demande d'audience adressée mardi dernier à M. Belkhadem », a souligné, hier, Tayeb Yenoun, ex-mouhafadh d'Alger, un des principaux acteurs du mouvement de la dissidence. Selon lui, M. Belkhadem continue à « faire la sourde oreille, mésestimant peut-être nos capacités mobilisatrices. Il doit comprendre qu'on ne lui laisse pas le choix. Notre mouvement émane de la base qui demande qu'on tienne compte de sa volonté. » Volonté qu'il a, jusque-là, ignorée, en désignant des pro-Benflis à des postes de responsabilité. Nous n'allons pas nous taire ». Devant ce silence du coordinateur national du parti, la dissidence, conduite par Amar Tou, ministre de la Poste et des Technologies de l'Information de la Communication, ne compte pas courber l'échine. Elle s'est donnée, vendredi dernier, une forme et un nom : « Le mouvement des coordinateurs libres ». Ce mouvement regroupe l'ensemble des coordinateurs des 48 wilayas et s'inscrit, selon Tayeb Yenoun, son porte-parole, dans la même logique que celle du mouvement de redressement. M. Yenoun écarte l'éventualité de recourir à la violence. « Nous sommes des pacifistes », a-t-il précisé. « Notre but est de ressouder les rangs, mais pas avec ceux qui ont insulté le président de la République et qui ont épousé un autre programme que le sien », a-t-il attesté. Et d'enchaîner : « Nous ne sommes ni éradicateurs ni extrémistes. Nous sommes la base d'un parti politique qui défend le programme politique du Président. Et les pro-Benflis peuvent rester dans le parti, mais seulement en tant que simples militants. Ils ont joué et perdu. Donc, ils doivent abdiquer. » M. Yenoun s'est montré intransigeant, insistant sur le fait qu'il exprime par là la volonté de la base. « Nous avons appelé M. Belkhadem au dialogue et lui avons laissé du temps pour répondre. S'il nous tend l'oreille, nous dirons qu'il a fait le bon choix et le conflit sera réglé. Sinon, nous allons passer à l'acte. Il lui reste seulement quelques jours », a-t-il clamé. Le dilemme Selon lui, la réunion de Tizi Ouzou est maintenue dans tous les cas de figure. « Si nos revendications sont prises en charge, nous annoncerons le dénouement de la crise à partir de Tizi Ouzou. Dans le cas contraire, nous procéderons à l'installation de la commission nationale parallèle de l'organisation du huitième congrès bis. Et nous irons par notre propre liste des congressistes au même congrès pour le (Belkhadem) mettre devant la réalité », a-t-il indiqué, précisant qu'il n'est pas question de tenir un congrès parallèle. La détermination du mouvement des coordinateurs libres met M. Belkhadem devant « un sérieux dilemme ». Craignant une farouche opposition du côté des contestataires et une foire d'empoigne à l'image de celle de l'été 2003, M. Belkhadem a opté pour le report de l'installation des commissions de wilayas de préparation du 8e congrès. Commissions qui devraient être mises sur pied durant la semaine en cours. Ce report a été justifié hier par Abdelkrim Abada, gérant des affaires courantes du parti et membre contesté dans la commission nationale, par « l'indisponibilité du coordinateur national ainsi que la majorité des membres du comité chargé de l'organisation du congrès qui sont en vacances ». Subterfuge ou circonstances réelles ? Un bref regard jeté sur l'évolution de la situation au sein de ce parti permet de constater que le contrôle par la dissidence de toutes les structures au niveau des wilayas rend la tâche difficile, voire impossible pour M. Belkhadem. Ce qui a, en toute vraisemblance, motivé ce report. Les responsables actuels du FLN chercheraient, visiblement, à gagner du temps pour éviter l'implosion du parti.