La situation en Libye faisait l'objet, hier, d'une séance d'information publique puis d'une séance à huis clos au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU dont les 15 membres ont entendu le rapport du représentant spécial du SG Antonio Guterres et chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), Abdoulaye Bathily, sur les tout récents développements intervenus dans ce pays de la région maghrébine. Le diplomate sénégalais devait évoquer les aspects à la fois politiques, sécuritaires et humanitaires tels qu'ils ont évolué au cours des dernières semaines, avec en toile de fond, la réunion organisée de manière impromptue par le Haut Conseil d'Etat et la Chambre des représentants (Parlement) au Maroc. Cette initiative a découlé des invites pressantes de l'envoyé onusien qui n'a pas cessé d'appeler à la tenue des élections générales, seules à même, répète-t-il à qui veut l'entendre, de permettre à la Libye de sortir de la crise. Dans le même sillage, les appels de la communauté internationale se sont faits de plus en plus insistants pour conforter la démarche de Bathily et obtenir des parties prenantes libyennes, notamment les principales basées à l'Est et à l'Ouest du pays, un engagement réel en ce sens. À titre exploratoire, le Conseil de sécurité a ainsi entendu un exposé de la directrice du Centre Washm pour les études sur les femmes en Libye, Abeir Imneina, ainsi que le rapport périodique du président du Comité des sanctions contre la Libye de 1970, l'ambassadeur Kimihiro Ishikane (Japon) sur les activités du comité ad hoc. Convaincu d'avoir franchi un pas décisif dans la prochaine étape qui verrait la tenue des élections législatives et présidentielle en Libye, Abdoulaye Bathily a donc exposé au Conseil de sécurité les «progrès» accomplis pour parvenir à l'adoption d'une feuille de route, également appelée base constitutionnelle, faute d'une authentique Loi fondamentale pour laquelle le consensus est loin d'être envisageable malgré toutes sortes de promesses et de congratulations réciproques. Ce document, élaboré dans des conditions opaques et adopté presque à la sauvette dans une réunion convoquée à la hâte au Maroc, est supposé avoir entériné l'unification de toutes les parties belligérantes et autres avec, cerise sur le gâteau, la levée miraculeuse des obstacles qui ont conduit à l'échec des élections programmées le 24 décembre 2021 par la diplomate américaine et conseillère spéciale de Guterres pour la Libye, Stéphanie Williams. Il faut dire que le travail accompli par Mme Williams a quelque peut déblayé le terrain, notamment au plan sécuritaire, puisque l'accord de cessez-le-feu conclu par le comité militaire mixte 5+5, sous son égide, à Genève, fin 2020, est toujours en vigueur malgré quelques menus affrontements ici et là. La position officielle du Conseil de sécurité est, de ce fait, réaffirmée en faveur d'un processus inclusif qui permettra au peuple libyen de choisir le futur président et les institutions adéquates pour clore le douloureux chapitre de la crise. Un voeu pieux, en somme, qui a, au moins, un mérite, celui de réveiller le maréchal Khalifa Haftar.