L'émissaire de l'ONU en Libye, Abdoulaye Bathily, a appelé à aider les acteurs libyens à travailler ensemble pour le redressement de leur pays, soulignant l'importance que des mesures soient prises pour surmonter «les désaccords persistants». S'exprimant, lundi, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, Bathily a déclaré que «les critères d'éligibilité aux élections présidentielles, le lien entre les élections présidentielles et parlementaires et la question de la formation d'un nouveau gouvernement unifié sont très controversés et nécessitent, avant tout, un accord politique entre les principales parties prenantes et les principales circonscriptions de l'éventail politique libyen. Faute de quoi, les dispositions législatives connexes resteraient sûrement inapplicables et pourraient même déclencher une nouvelle crise». Pour éviter cela, il est «crucial», d'après lui, que «des mesures soient prises pour surmonter les désaccords persistants sur ces questions de longue date». «Les principaux décideurs libyens doivent, dans un esprit de compromis, faire passer l'intérêt supérieur du peuple libyen avant tout et parvenir à un accord politique sur ces questions. J'appelle donc ce Conseil à accroître la pression sur les acteurs concernés et à utiliser votre influence collective et individuelle pour veiller à ce qu'ils fassent preuve de la volonté politique requise pour mener leur pays à des élections réussies», a poursuivi le diplomate. L'émissaire de l'ONU a estimé que la récente entente entre camps rivaux sur le cadre juridique de futures élections comportait des articles controversés susceptibles de provoquer une nouvelle crise dans le pays faute d'un accord politique entre les protagonistes. Abdoulaye Bathily, chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), a émis ces réserves devant le Conseil de sécurité. Une commission mixte dite 6+6, formée par le Parlement siégeant dans l'Est et le Haut Conseil d'Etat, qui fait office de Sénat, basé dans l'Ouest, avait annoncé avoir trouvé un terrain d'entente sur la base juridique des élections au terme d'une réunion à Bouznika, au Maroc, malgré des points de dissension non résolus. Ce texte est censé servir de base juridique à des élections présidentielle et législatives, qui étaient initialement prévues en décembre 2021 avant d'être reportées sine die en raison de divergences entre rivaux dans un pays en proie au chaos depuis le renversement du régime de Maammar El Gueddhafi en 2011. Bathily a estimé dans son rapport que l'accord conclu au Maroc constituait «une avancée importante, mais insuffisante pour résoudre les questions les plus controversées et permettre la tenue d'élections réussies». Il a notamment cité comme points contentieux «les critères d'éligibilité à l'élection présidentielle, le lien entre les élections présidentielle et parlementaires et la question de la formation d'un nouveau gouvernement unifié» avant les scrutins. Ces points «très controversés» nécessitent selon lui «un accord politique entre les principales parties prenantes et les principaux groupes d'intérêt de l'ensemble de l'échiquier politique libyen».»Faute de quoi, les dispositions législatives correspondantes resteraient certainement inapplicables et pourraient même déclencher une nouvelle crise», a-t-il averti. «D'ici mon prochain exposé au Conseil, j'ai l'intention d'intensifier les négociations et de convoquer les principales parties prenantes ou leurs représentants de confiance pour parvenir à un règlement définitif sur les questions les plus litigieuses, rendre les projets de loi applicables et permettre des élections réussies avec un accord politique inclusif», a-t-il fait savoir. Par la même occasion, il a réitéré les appels au principe d'une solution libyo-libyenne comme base de tout instrument efficace pour une paix et une stabilité durables. «Le statu quo prolongé est préjudiciable aux intérêts du peuple libyen. C'est un désastre pour la Libye et ses voisins. Il est impératif que votre engagement envers le mandat que vous avez confié à la MANUL (Mission d'appui des Nations unies en Libye) se traduise par une pression accrue et ciblée sur les acteurs, parlant véritablement d'une seule voix et agissant en conséquence pour éliminer les perturbateurs du processus vers le rétablissement complet de la Libye», s'est-il exprimé. Il a appelé enfin, tous les partenaires régionaux et internationaux à «aider véritablement les dirigeants libyens à travailler ensemble pour le redressement de leur patrie et répondre à l'appel des citoyens libyens ordinaires qui luttent pour la paix, la prospérité et la réconciliation nationale».