L'émissaire de l'ONU en Libye a appelé samedi les camps rivaux libyens à se mettre d'accord sur l'organisation d'élections présidentielle et législatives «d'ici mi-juin», avec l'espoir de les tenir fin 2023 dans ce pays englué dans la crise depuis 2011. Le Sénégalais Abdoulaye Bathily, chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), avait annoncé le mois dernier une nouvelle initiative pour tenter de sortir de l'impasse le pays d'Afrique du Nord qui peine à achever son interminable transition depuis la révolte de 2011. Des élections présidentielle et législatives, initialement prévues en décembre 2021, avaient été reportés sine die en raison de divergences persistantes, notamment sur la base juridique des scrutins et la présence de candidats controversés. Et le diplomate avait provoqué l'ire des acteurs politiques libyens en déplorant leur incapacité à «se mettre d'accord». «À la mi-juin, il leur sera possible, après avoir discuté pendant quelques semaines, de parvenir à un accord sur ces lois électorales», a déclaré Abdoulaye Bathily lors d'une conférence de presse dans la capitale Tripoli. Face aux accusations d'ingérence portées par certains acteurs politiques en Libye, Abdoulaye Bathily a assuré que sa proposition n'était pas une «solution imposée par l'étranger» et que la «feuille de route claire» censée être établie d'ici mi-juin «ne dépend pas» de lui. Si ce calendrier est respecté, «il sera possible d'organiser ces élections d'ici la fin de l'année», a-t-il ajouté devant les journalistes. Menant le camp de l'Ouest, le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah a affirmé samedi sur Twitter son soutien aux «efforts de M. Bathily» et appelé à des «élections équitables et impartiales» tout en exhortant à en finir avec les périodes de transition. L'initiative onusienne, qui bénéficie du soutien des pays occidentaux, n'a pas fait consensus en Libye. Si les partisans du gouvernement de Tripoli l'ont finalement accepté, le camp de l'Est du maréchal Haftar l'a critiqué, tout comme son plus important parrain étranger, la Russie. L'organisation de l'élection présidentielle bute notamment sur le refus du camp de l'Ouest d'autoriser un militaire et un binational à se présenter, en l'occurrence le maréchal Haftar, citoyen libyen et américain. Pour sa part, le chef du Conseil présidentiel, Mohammad al-Menfi, a exprimé son soutien total et continu aux efforts de l'envoyé de l'ONU Abdoulaye Bathily, soulignant son engagement à mettre en oeuvre la feuille de route définie par les Conférences de Berlin et les recommandations et décisions du Conseil de sécurité qui garantissent la souveraineté et la stabilité de la Libye. «Nous renouvelons notre soutien total et continu à M. Bathily et nous apprécions ses efforts sincères pour parvenir aux élections législatives et présidentielle avant la fin de 2023, sous contrôle libyen», a-t-il déclaré dans un tweet. Aussi, va-t-il «continuer à coordonner avec la communauté internationale, les pays voisins et toutes les forces politiques libyennes et les institutions concernées pour achever les obligations de l'étape préliminaire basée sur la réconciliation.» De son côté, l'envoyé spécial des Etats-Unis en Libye, Richard Norland a déclaré dans (un tweet) publié par l'ambassade américaine en Libye: «J'exhorte les acteurs libyens à écouter les observations de l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, M. Bathily, et de faire partie d'une solution qui mène à sortir de l'impasse politique.»