La célébration, hier, de la Journée internationale de lutte contre la drogue, rime manifestement avec inquiétude en Algérie. Surtout depuis que sa consommation a gagné des terrains au sein de la société particulièrement chez les jeunes. C'est une véritable menace pour la santé publique et sur les liens de la société. La commercialisation illicite de tout genre de drogue n'est pas nouvelle. Cependant l'avancée du trafic de drogue inquiète plus que jamais. La sonnette d'alarme a été tirée à plusieurs reprises par des spécialistes de la santé, des chercheurs et des institutions. Mais depuis quelque temps, il est établi que toutes ces quantités qui circulent dans nos cités provenaient du Maroc. Les autorités marocaines ne se gênent plus d'élever la drogue et autres produits du genre au rang d'industrie. Le tout dans l'impunité totale des institutions onusiennes. Pourquoi en effet, les Nations unies ne réagissent pas devant cette pratique nuisible ? Pourtant le constat est bel et bien établi. Y compris par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc). Cet office onusien vient de pointer du doigt la responsabilité du Maroc. Dans son dernier rapport, rendu public ce 26 juin, il est affirmé que le développement des itinéraires de la cocaïne vers et à travers le Maroc pourrait avoir été facilité par des itinéraires de longue date pour le trafic de résine de cannabis vers l'Espagne. L'Onudc a indiqué que « les chaînes d'approvisionnement établies qui servaient à l'origine au trafic de résine de cannabis du Maroc vers le reste de l'Europe, notamment les Pays-Bas, en passant par l'Espagne, pourraient avoir été adaptées pour assurer également le trafic de cocaïne destinée aux distributeurs des Pays-Bas. En plus des voies terrestres mises en relief dans ce trafic, le rapport de l'Onudc fait part de l'importance accrue du trafic maritime qui apparaît clairement dans le cas du Maroc et ce, depuis 2016. Il semble que des quantités importantes de cocaïne arrivent directement au Maroc par voie maritime et non par transbordement depuis l'Afrique de l'Ouest, est-il écrit dans le même rapport. Ce dernier montre que le Maroc était à l'origine de la majorité du trafic de la résine de cannabis enregistré en 2021 au Sahel, destiné souvent à d'autres pays de l'Afrique du Nord et parfois à des pays du Moyen-Orient et de l'Europe. Dans son rapport mondial sur les drogues 2022, l'Onudc avait indiqué que le Maroc était toujours à la tête des principaux pays d'origine et de départ de la résine de cannabis, ce qui fait du royaume le premier producteur et exportateur mondial de cette drogue. La culture du cannabis représente ainsi la plus importante source de devises dans l'économie du pays. Et le département d'Etat américain s'était également inquiété récemment de l'ampleur du blanchiment d'argent au Maroc issu du trafic de cannabis et du transit de la cocaïne destinée à l'Europe. Interrogé au mois d'avril dernier sur les mesures prises pour lutter contre le trafic de drogue et les moyens de traiter les toxicomanes, le ministre de l'Intérieur n'est pas allé par quatre chemins. « Tout le monde sait que l'Algérie est la cible de son voisin de l'Ouest », a affirmé Brahim Merad, lequel a soutenu que le pays voisin est « à l'origine de la propagation de la consommation de la drogue, sous toutes ses formes, en Algérie ». Il a rappelé dans ce sens que le Service central de lutte contre le trafic illicite des stupéfiants (Scltis) a déjoué une des plus importantes tentatives d'inonder l'Algérie de comprimés psychotropes, en saisissant 1 600 000 capsules de psychotropes en provenance du Maroc. Le ministre a défendu sa thèse sur la base des aveux des individus impliqués dans cette opération criminelle. L'Algérie est visée à travers les drogues et fait face à une guerre menée par son voisin de l'Ouest, a mis en garde le ministre. Récemment le général d'armée, Saïd Chanegriha, a mis en garde, à partir de Béchar, contre les plans malveillants qui consistent à inonder l'Algérie de drogue, appelant l'ensemble des acteurs à participer à la lutte contre ce fléau. Pour sa part, le MDN fait régulièrement état de tentatives d'introduction de quantités de kif et autres produits du genre à travers les frontières avec le Maroc. C'est dire que la responsabilité du Maroc quant aux grandes quantités de drogue qui circulent en Algérie est plus qu'établie. L'impunité dont elle bénéficie ne fait plus mystère.