Les excuses du roi des Pays-Bas Willem-Alexander sont très attendues, lors de son discours samedi à l'occasion des célébrations des 150 ans de l'abolition de l'esclavage dans les anciennes colonies néerlandaises. Des milliers de descendants de personnes réduites en esclavage dans l'ancienne colonie sud-américaine du Suriname ainsi que dans les îles caribéennes d'Aruba, Bonaire et Curaçao devraient assister aux célébrations annuelles à Amsterdam, dans le cadre d'une célébration annuelle appelée «Keti Koti», «briser les chaînes» en sranantongo (l'une des langues du Suriname). Ces commémorations sont les premières de ce type depuis la présentation en décembre par le gouvernement d'excuses officielles pour le passé esclavagiste des Pays-Bas. Le roi a toutefois refusé de confirmer qu'il présenterait des excuses pour le passé esclavagiste du pays qui, selon un rapport, a largement contribué à l'enrichissement de la Maison d'Orange-Nassau dont il descend. «Je pense qu'il va falloir attendre jusqu'au 1er juillet», a-t-il déclaré, interrogé à ce sujet par la presse lors d'une récente visite d'Etat en Belgique. «Je comprends très bien le souhait des gens que je le fasse mais je vous demande d'attendre jusque-là». Les médias néerlandais, affirmant se baser sur des sources proches du dossier, prédisent toutefois des excuses. Le discours du roi prononcé depuis l'Oosterpark d'Amsterdam doit être retransmis en direct à la télévision nationale. Des descendants de personnes réduites en esclavage ont demandé au roi de présenter des excuses officielles. «C'est important afin de pouvoir digérer le passé esclavagiste», a déclaré en mai Linda Nooitmeer, présidente de l'Institut national pour le passé et l'héritage de l'esclavage (NiNsee), dans une interview accordée à la radiodiffusion publique néerlandaise NOS. Depuis l'émergence du mouvement Black Lives Matter aux Etats-Unis, les Pays-Bas se sont lancés dans un débat souvent difficile sur le passé colonial et négrier qui en a fait l'un des pays les plus riches du monde. Selon un rapport commandé par le ministère néerlandais de l'Intérieur et publié en juin, entre 1675 et 1770, les colonies ont rapporté à la famille royale l'équivalent de 545 millions d'euros, à une époque où l'esclavage était très répandue. Les lointains ancêtres de l'actuel roi des Pays-Bas, Guillaume III d'Orange-Nassau, Guillaume IV d'Orange-Nassau et Guillaume V d'Orange-Nassau ont fait partie des plus grands bénéficiaires de ce qui est décrit dans le rapport comme une «implication délibérée, structurelle et de longue haleine» dans l'esclavage. Le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte a présenté en décembre à La Haye à des excuses officielles du gouvernement pour le rôle de l'Etat néerlandais en 250 ans d'esclavage, qu'il a qualifié de «crime contre l'humanité». Dans son discours de Noël, le roi des Pays-Bas avait ensuite salué les excuses présentées par le gouvernement pour le rôle de l'Etat néerlandais pendant 250 années d'esclavage, et déclaré que celles-ci sont le «début d'un long chemin». L'esclavage a contribué à financer le «siècle d'or» néerlandais, période de prospérité grâce au commerce maritime aux XVIe et XVIIe siècles. Le pays a procédé à la traite d'environ 600.000 Africains, principalement vers l'Amérique du Sud et les Caraïbes. Si l'abolition officielle de l'esclavage dans les colonies néerlandaises remonte à 160 ans, son application réelle n'a que 150 ans.