Les saisies de drogues dures telles que la cocaïne et l'héroïne le confirment. La saisie de 435 kg de résine de Cannabis et de 15.874 comprimés de psychotropes par les services de la police judiciaire de la wilaya d'Alger pour les six premiers mois de l'année 2006, ont de quoi donner froid dans le dos même si le tristement célèbre record de 1992 qui avoisinait les 7 tonnes (saisies sur l'ensemble du territoire) est loin d'être atteint. Le trafic de drogues en tout genre, en Algérie a pris des proportions alarmantes tant le nombre de toxicomanes en demande croissante a atteint une dimension inquiétante et les saisies importantes opérées par les services concernés en disent long sur l'ampleur de ce phénomène qui a développé un marché prospère en constante croissance. En 2002, la saisie de 6,5 tonnes de résine de cannabis ont confirmé cette tendance à la hausse. L'Algérie, identifiée comme pays non producteur, est cependant vulnérabilisée par l'existence de circuits illicites qui favorisent l'implantation d'un marché des stupéfiants et d'autres médicaments prohibés, le rapport de l'ONU de 2005 fait état de plus de 200.000 comprimés saisis pour l'année 2004 (diazépan, temesta, rivotril...). Cannabis, psychotropes mais aussi les drogues dites dures telles que l'héroïne et la cocaïne constituent un véritable problème de santé publique auquel doit faire face l'Etat algérien. La récente saisie de 8 kg de cocaïne dans le ville de Annaba est un indice sérieux de l'existence d'un marché de drogues dures cela témoigne du cheminement classique qui conduit le toxicomane de la prise de drogues dites douces (kif, cannabis...) à la consommation de drogues plus dures et plus nocives, cocaïne, héroïne qui en disent long sur leur degré de dépendance et d'accoutumance vis-à-vis d'elles. Pour contrer ce fléau, une quarantaine d'associations activent actuellement en plus de 12.000 policiers qui sont déployés à travers le territoire national. C'est en ce sens que les services de la police judiciaire, compétents en matière de lutte contre le trafic de drogue, ont décidé de s'investir dans la prévention en faisant appel à toutes les franges de la société. 13 cellules d'écoute ont été mises en place pour les besoins de la cause, les différents relais pouvant entraîner plus d'efficacité pour faire face à ce phénomène ont été actionnés, quarante associations, organisations non-gouvernementales sont actuellement sur le terrain. Même les lieux de prière sont sollicités pour cette campagne de sensibilisation d'envergure afin d'informer les familles sur les dangers qui guettent leurs enfants. Les établissements scolaires, collèges et lycées qui constituent un terrain privilégié pour les narco-trafiquants en tout genre bénéficient d'une attention particulière. Les adolescents en situation d'échec scolaire ou en rupture de liens familiaux (conséquences de divorces et de l'alcoolisme), les parents en général, constituent des cibles de choix pour les dealers de tout poil. Cinq centres de désintoxications constituent l'ensemble des structures d'accueil qui assurent la prise en charge des toxicomanes mais sans véritable politique de réinsertion sociale, coupés de la réalité du monde et marginalisés, ces derniers en situation psychologique précarisée tendent à devenir des délinquants en puissance. Vulnérable de part sa situation géographique, notamment par la proximité du Maroc, pays voisin et frontalier, un des plus grands producteurs mondiaux de cannabis, 40% de la production mondiale, provient du royaume chérifien. Plaque tournante du trafic de cocaïne, l'Afrique de l'Ouest, ainsi que certains pays d'Afrique Sub-saharien tentent d'ouvrir une brèche sur les pays maghrébins. L'Algérie est devenue, par la force des choses, un pays providentiel pour les réseaux mafieux des trafiquants de drogue. Le caractère international de cette activité a, cependant, entraîné une coopération étroite et active entre les trois pays du Maghreb: Tunisie, Maroc et Algérie, rassemblés autour d'un groupe d'action financière qui a vu le jour en 2004 et qui s'attaque, entre autres, au blanchiment d'argent provenant du trafic de drogue. L'Organe international du contrôle des stupéfiants (Oics) des Nations unies, qui a tiré la sonnette d'alarme concernant un éventuel phénomène contagieux quant à l'infiltration de drogues dures vient de se confirmer même si les quantités saisies sont loin d'égaler les records enregistrés par certains pays européens. Il est acquis que le ver est bel et bien dans le fruit.