Avec sa visite à Téhéran, le chef de la diplomatie aura accompli un véritable périple qui l'a mené dans deux continents: l'Europe et l'Asie. Dans ces contrées, Ahmed Attaf a été porteur de deux voix. Celle de la paix en assurant la promotion de l'offre de médiation de l'Algérie sur la guerre en Ukraine. Et celle de l'esprit du non-alignement mis en avant par Attaf pour plaider un ordre mondial plus juste et libéré des logiques d'affrontement et de domination. Après donc avoir été dans trois capitales européennes (Berlin-Rome-Belgrade), le ministre des Affaires étrangères était à Bakou et à Téhéran. Nul doute que cette tournée de Attaf intervient dans un contexte particulier dans lequel l'Algérie tient à assumer son rôle de puissance régionale et de voix écoutée et respectée dans les différents forums et institutions. Une posture renforcée par l'élection récente de l'Algérie comme membre non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Ce qui lui confère plus de responsabilité à défendre les principes et les valeurs qu'elle a toujours soutenus. Particulièrement dans le contexte des luttes pour l'indépendance des pays de l'Afrique et de l'Asie et après les années 60 pour un nouvel ordre mondial. C'est ce qui ressort de l'ensemble des rencontres et entretiens qu'a eus Ahmed Attaf dans ce périple. Avec son homologue iranien, il a abordé nombre de dossiers importants et de sujets d'actualité. Il s'agit notamment de la situation de guerre en Ukraine qui continue de peser sur les relations internationales. À l'ordre des échanges, il y a eu aussi les questions de décolonisation, notamment en Palestine et au Sahara occidental. D'autres points chauds ont été également abordés comme la situation en Libye et au Soudan. Dans ce sillage, Attaf a affirmé avoir fait part à son homologue iranien des efforts de l'Algérie visant à contribuer à l'instauration de la paix et de la stabilité au double plan régional et international. Il a surtout mis en relief l'initiative de médiation entre la Russie et l'Ukraine. Comme il est revenu sur le rôle de l'Algérie en tant que chef de file du processus de paix et de réconciliation au Mali, de la lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne, et ses efforts pour le développement de cette région. Alger et Téhéran ont réaffirmé à cette occasion leur détermination à poursuivre et à renforcer la coordination bilatérale au sein des différentes organisations internationales d'appartenance commune. Contexte oblige, les deux parties se sont félicitées du retour du Mouvement des Non-Alignés (MNA) au-devant de la scène internationale. Dans une perspective de coordination, les deux parties ont procédé à un échange d'informations et d'analyses sur la candidature de l'Algérie et de l'Iran pour adhérer au groupe des Brics. Auparavant à Bakou, Ahmed Attaf a réitéré l'attachement de l'Algérie aux valeurs et principes du MNA. Des principes et valeurs qui confirment ses positions équilibrées et circonspectes vis-à-vis des différents développements régionaux et internationaux, dans un contexte mondial marqué par des tensions croissantes et une polarisation exacerbée. C'est de ces valeurs que l'Algérie s'abreuve pour consentir ses efforts et proposer ses initiatives visant à contribuer à répandre la paix et la sécurité, a affirmé Attaf dans son allocution lors de la réunion ministérielle du MNA. Devant ses pairs, Attaf a abordé la médiation d'Alger entre la Russie et l'Ukraine. Celle-ci se décline comme une «contribution sérieuse et efficace aux bons offices visant à mettre fin à cette crise, par la promotion d'une solution pacifique....» Elle est de nature à garantir le respect des principes et des objectifs de la Charte des Nations unies et de répondre aux préoccupations sécuritaires des deux parties au conflit, avec lesquelles l'Algérie entretient «des relations d'amitié historiques authentiques». Au final, l'action diplomatique de l'Algérie est guidée par le souci de la paix et de la sécurité tout en restant fidèle au principe du non-alignement puisé des valeurs de Novembre.