L'armée du général al-Burhane a rejeté les décisions du Quartet de l'IGAD dont le sommet a eu lieu lundi à Addis Abeba. Le bloc de l'Afrique de l'Est auquel appartient le Soudan avait appelé «à signer un cessez-le-feu inconditionnel» devant les représentants des Forces de soutien rapide (FSR) alors que l'armée soudanaise qui mène une guerre totale contre ces paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo depuis le 15 avril dernier a refusé de prendre part à la rencontre d'Addis Abeba. Les deux camps, estiment les observateurs, sont engagés dans une guerre d'usure et comptent, l'un comme l'autre, sur une victoire militaire, de sorte que les négociations auxquelles les appellent des médiations comme celle des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite ou celle de l'IGAD leur paraissent sans intérêt véritable. Peu leur importe, dès lors, les quelques concessions posées sur la table des discussions. Mais l'ONU considère à juste titre que la situation socio-économique est déjà catastrophique pour ce pays parmi les plus pauvres au monde, malgré des richesses énormes (hydrocarbures, gisements d'or etc.). Une sortie de crise négociée relève, semble-t-il, de l'utopie tant la fin du conflit ne peut se résumer à un retour au statu quo précédant le début de la guerre. L'armée soudanaise reproche au Kenya qui préside l'IGAD et à l'Ethiopie qui a accueilli le dernier sommet un parti pris en faveur des FSR, également soutenus par des puissances régionales et internationales parties prenantes du conflit. En outre, des sources crédibles évoquent avec insistance la «disparition» du général Mohamed Hamdane Daglo de la scène politico-militaire, assurant qu'il serait mort et remplacé par l'un de ses frères jusque-là responsable de la gestion des gisements d'or au Darfour. Cette thèse demeure pour l'heure sujette à caution d'autant qu'elle ne signifie nullement la fin éventuelle du conflit, nourri par des appétits extérieurs. En proposant le déploiement de la Force est-africaine au Soudan «pour protéger les civils et garantir l'accès humanitaire», l'IGAD a accru la méfiance de l'armée soudanaise qui rejette également la demande du président kenyan William Rutto d'«une zone humanitaire, dans un rayon de 30 km autour de Khartoum, pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire» désormais indispensable à la moitié de la population soudanaise. Les FSR restent, quant à eux, accusés de graves atteintes aux droits humains, le conflit ayant probablement fait bien plus que les 3000 morts supposés et les 3 millions de réfugiés dans les pays voisins. Pillages, viols, exécutions sommaires et crimes à motivation ethnique sont de leur fait, accusent de nombreuses ONG qui dressent un inventaire sinistre des multiples atrocités dont les FSR se rendent coupables depuis des mois aussi bien à Khartoum et Oum Dourman que dans la région du Darfour, proche du Tchad.