L'Union européenne et la Tunisie ont convenu dimanche, à Tunis, d' un «partenariat stratégique» autour de l'enjeu crucial de l'immigration irrégulière, à charge pour Bruxelles d'apporter son soutien financier à un pays confronté à de graves difficultés financières et économiques. De retour à Carthage, en moins d'un mois, le trio européen composé de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, et du Premier ministre néerlandais démissionnaire, Mark Rutte, a apporté dans ses bagages un accord qui a pour objet d' «investir dans une prospérité partagée», grâce à «cinq piliers» parmi lesquels le défi migratoire demeure le plus préoccupant. Comme la Libye, depuis quelques années, la Tunisie est devenue, ces temps derniers, une base de départ pour des milliers de migrants qui tentent d'atteindre l'Italie voisine par-delà la Méditerranée. D'où l'intérêt et la préoccupation forte affichée par la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, également soutenue par ses pairs européens qui ont travaillé à l'élaboration du partenariat convenu avec le chef de l'Etat tunisien, Kaïs Saïed. Les cinq piliers du programme sont «la stabilité macro-économique, le commerce et les investissements, la transition énergétique verte, le rapprochement entre les peuples, la migration et la mobilité», a d'ailleurs indiqué la Commission européenne dans un communiqué tandis que Giorgia Meloni s'est félicitée d'une «nouvelle étape importante pour traiter la crise migratoire de façon intégrée». Elle a, du coup, invité le président Saïed à participer au forum qui se tiendra à Rome dimanche prochain. La conférence internationale sur les migrations aura lieu dans la capitale italienne le 23 juillet, a indiqué la Première ministre italienne, à l'issue de la réunion quadripartite avec le président tunisien Kaïs Saïed à Tunis. Mme Meloni et Kaïs Saïed ont signé un mémorandum d'entente dont l'ambition est de maîtriser en commun les enjeux des migrations, qui ont une acuité particulière pour l'Italie. Il s'agit d'un «partenariat global», porteur d'une assistance économique et financière à la Tunisie d'un montant de 150 millions d'euros, une interaction économique et une augmentation des échanges commerciaux, le développement de la coopération dans le secteur de l'énergie, ainsi que des efforts pour lutter contre l'immigration clandestine, selon l'agence Ansa. Le président Saïed a évoqué le dossier de l'immigration irrégulière devant ses hôtes, appelant à «un accord collectif sur l'immigration inhumaine et sur les opérations de déplacements (forcés) par des réseaux criminels». «Les Tunisiens ont donné à ces immigrés tout ce qui pouvait être offert avec une générosité illimitée», a-t-il assuré au moment où des ONG multiplient les accusations sur une gestion «xénophobe» des migrants subsahariens en Tunisie. De manière pratique, outre l'assistance macro-financière de 900 millions d'euros promise par la troïka européenne lors de sa première visite, la Tunisie doit recevoir une aide de 105 millions d'euros pour la lutte contre la migration irrégulière et 150 millions d'euros comme aide budgétaire directe destinée à soulager le pays étranglé par une dette de 80% de son PIB et à court de liquidités.